Non, le gros bon sens n'est pas in. Les recherches, oui. Même si elles proviennent d'un obscur pédiatre hongrois de 82 ans. Les sondages, oui. Même s'ils se contredisent tout le temps. Les statistiques, oui. Même si on peut les interpréter de mille et une façon. Les lois, les mesures de répression, les règlementations, les directives, les normes et toutes les autres structures, oui.
Le gros bon sens, il n'a pas la cote!
Une preuve encore: pour faire baisser le nombre de fumeurs, en France, le gouvernement a décidé de mettre en place des mesures plus sévères encore. Il sera désormais interdit de fumer en voiture en présence d’un enfant de moins de 12 ans.
Ah?
Je ne fume pas. Mais si je le faisais, il me semble que je me servirais de mon gros bon sens pour ne pas emboucanner mes enfants. Si c'était un plaisir (un vice, une soupape, peu importe!) de fumer, je serais capable d'user de ma jugeotte pour le faire sans déranger les autres.
Est-ce qu'on va interdire aux adultes de boire en présence d'enfants de peur qu'ils ne sachent pas s'arrêter et qu'ils fassent des niaiseries? Va-t-on interdire que les parents aient un téléphone intelligent parce que peut-être ne s'occupent-ils pas assez de leur progéniture quand ils ont ce bidule entre les mains? J'exagère. Mais si peu. Si peu.
Quand on applique des lois et des réglementations comme celle-là, ça me rend triste. Je me rends compte que le gouvernement sent le besoin de nous gérer et que (PIRE!) on se laisse faire. On devrait être assez fort pour dire qu'on n'en a pas besoin. On est capable de penser par nous-mêmes, non?
Parfois, je me demande où le gros bon sens a foutu le camp et pourquoi on ne se fie plus sur lui. Et c'est complètement fou parce qu'on a perdu le réflexe même de se poser des questions. En face à face avec nous-mêmes. Et de se trouver des réponses. Pour nous. Trop souvent, on se tourne vers les autres pour valider la moindre de nos actions, le moindre geste, la moindre décision. Combien de fois avez-vous vu sur Facebook des personnes demander, avec photo à l'appui: «Selon vous, je me fais couper les cheveux ou je les garde comme ça?». Je le sais: ce n'est pas bien grave ni bien méchant. Mais on peut penser par soi-même. Et ensuite, ça devient des «Mon gars fait de la fièvre, je lui donne du Tempra ou non?», «Mon boss m'énerve, je fais quoi?», etc.
L'avis des autres peut être éclairant, je le concède. Ça peut être un beau côté du web et des réseaux sociaux. Mais il peut aussi finir par étioler notre réflexe de se fier à notre gros bon sens et à notre instinct.
Va falloir réapprendre ce réflexe. Et vite. Autrement, on risque de se perdre.