Sur la route des vacances, un homme disparaît en faisant halte sur une aire d'autoroute. Son épouse et ses enfants l'attendent désespérément dans la voiture. Le temps passe, une tempête s'annonce. Aline se sent démunie, saisie de doutes et partagée entre la colère et l'angoisse. Un flic à la retraite, en vadrouille à bord de son camping-car, propose alors de les aider. Il héberge les enfants, tandis que l'épouse se renseigne auprès des rares témoins du restoroute. Philippe a-t-il réellement abandonné sa famille ? Aline se force à ressasser les derniers événements de leur vie de couple, au bord du gouffre, leurs séances chez le psy et les petits signes insidieux qui viseraient à cette triste conclusion. Drame familial à l'horizon ? Ou comme le disait Mulder, « la vérité est peut-être ailleurs » ?
Pierre Gaulon, après une Mort en rouge absolument convaincante, passe le cap du deuxième roman en proposant une histoire impossible à définir, tant il brouille les pistes et son lecteur. Mais c'est plutôt pas mal, bien amené, écrit vite et bien (les chapitres sont courts, avec une écriture percutante). On est embarqué dans le récit et on joue le jeu du lecteur manipulé et pleinement conscient de l'être. C'est de bonne guerre, d'autant plus que l'effet est saisissant, entortillé et pervers. Calibré exprès pour tout lire d'une traite, retenir son souffle, ne rien voir venir et sortir de là en grinçant des dents. Entre folie douce, troublante schizophrénie, démence patentée, possible hallucination, désespoir certain, totale déroute, onde de choc et sensation d'abrutissement, on en voit de toutes les couleurs ! Les personnages sont tous anéantis par tant de machiavélisme, et nous aussi. Pfiou..
City éditions, mars 2014 ♦ La Mort en rouge est disponible en format poche !