La série franco-britannique The Tunnel, un conte noir sur fond de critique politico-sociale. A voir !
Mais de là à brandir le label de "création originale"... L'idée de la série est en réalité loin d'être neuve, elle est même directement inspirée d'une coproduction suédo-danoise intitulée Bron (littéralement Le Pont) sortie en 2011, qui a fait l'objet d'un premier remake américain, The Bridge, diffusé cet été sur la chaîne FX. Les deux versions reproduisent le même modèle : deux enquêteurs, de nationalités, et surtout de personnalités, différentes, sont contraints de travailler ensemble lorsqu'est découvert un cadavre de femme, déposé à la jonction des deux frontières; cadavre qui se révèle être composé non pas d'un, mais de deux corps...
Dans le cas de The Tunnel, c'est le buste d'une femme politique française et les jambes d'une prostituée anglaise qui sont retrouvés, "assemblés" et déposés soigneusement au mid point de l'Eurotunnel. La symbolique du cadavre donne le ton de la série : l'assassin ne sera pas un Dexter désireux d'assouvir ses pulsions meurtrières, mais bien un militant politique, un de ces anonymous plus extrémiste que les autres. Cette petite voix nasillarde qui nargue les enquêteurs, c'est celle d'une critique ascerbe d'un système politico-social foncièrement injuste, marqué d'un euroscepticisme poussé à son paroxysme (au début du second épisode, parvenu à pirater les réseaux de la police anglaise, il diffuse les images du corps démembré et commente ironiquement "Look, she comes apart, like the Eurozone")
En somme, il serait dommage de passer à côté de cette série, qui par son esthétique sombre et froide (une bonne partie de la série se déroule à Calais, dans une zone portuaire grisâtre), rappelle l'ambiance particulière des fictions scandinaves. Pour voir le trailer, c'est ici !