Hannibal, ou le retour du terrifiant Dr Lecter... Une série littéralement dévorante !
Après près de deux mois d'absence, je me relance dans la critique série avec cette superbe découverte. Hannibal est de retour sur la chaîne américaine NBC pour une seconde saison le 28 février prochain, l'occasion pour moi donc de vous parler, avec du retard, du pilot de la première saison...
Directement inspirée du roman Red Dragon de Thomas Harris (écrit avant The Silence of the Lambs), la série met en scène le jeu de cache-cache entre un psychologue cannibal, le Dr Lecter, et un agent spécial du FBI, le talentueux mais torturé Will Graham, doté d'un don "d'empathie pure". Du fait d'une imagination hors normes, l'enquêteur peut se refigurer mentalement la scène de crime et le moment même du meurtre, se mettre dans la tête du tueur pendant quelques instants, ne faire plus qu'un avec lui. Si bien qu'il en devient un personnage ambivalent, à la fois victime de ce don et meurtier potentiel. La première scène du pilot plonge le spectateur dans la confusion et l'angoisse : le trouble psychologique de Will est évident, l'image est floue, les plans saccadés, la bande-son pressante. Le ton de la série est donnée et se confirme dans le reste de l'épisode : Hannibal est bel et bien destiné à nous faire frissonner.
Le Dr Lecter ne fait son apparition qu'au milieu de l'épisode. Attablé, il découpe soigneusement un morceau de viande qu'il avale, visiblement avec satisfaction. Alors que les enquêteurs viennent de découvrir que le tueur présumé des huit jeunes filles disparues est un mangeur d'organes, autrement dit, un serial killer cannibal. Le visage carré et lisse, calme et serein, de l'acteur danois Mads Mikkelsen, contraste avec la mine inquiète et les traits tirés de Will Graham. Déjà là s'établit un parallèle entre les deux personnages, une dualité sur laquelle se construit la série. Ironie du sort, c'est par le biais de la psychanalise que les deux hommes se rencontrent : le docteur, paradoxalement brillant psychologue, va être chargé par le chef du département des Behavioral Sciences du FBI Jack Crawford (Laurence Fishburn, le Morpheus de Matrix !), inquiet de l'état de Will, d'établir son profil psychologique... Du coup, les jeux de miroir sont omniprésents : Lecter étudie Graham, qui lui étudie Lecter, sans le savoir. Tous deux engagés dans une sorte de cercle psychique infernal, d'où aucun ne sortira vraisemblablement indemme.
Hannibal tient en haleine de bout en bout : la rapidité avec laquelle s'enchaînent les plans contribue à l'impression de flou spatio-temporel, reproduisant ainsi la confusion mentale dont est victime Will Graham. La série propose ainsi aux spectateurs une expérience inédite : celle de s'immiscer dans la conscience d'un personnage, au moment même ou celui-ci revit celle d'un autre. En somme, une mise en abyme dérangeante, permise par une mise en scène audacieuse. Ames sensibles s'abstenir, comme même, pour les scènes de découpage de poumons et autres...