C'est suite à la lecture de deux articles du Guardian, et d'un sur le dernier Environnement Magazine que je me décide à faire ce post. Les articles étayent ainsi la thèse (rapport ONUsien à la clé) que le transport maritime serait responsable de deux fois plus d'émissions de CO2 que le transport aérien (3 mars 2007), mais aussi que les émissions du transport maritime seraient largement sous estimées (13 février dernier).
Ainsi, le fret maritime représenterait 5% des émissions globales de CO2, alors que le transport aérien pourtant fustigé en représente quant à lui 2 %. Pour ordre de comparaison, The Guardian rapelle que les 5% en question représentent le double de toutes les émissions du Royaume Uni et plus que celles de tous les pays d'Afrique réunis...Ainsi les bateaux sillonnant le globe émettraient 1,12 milliards de tonnes en lieu et place des 400 millions de tonnes/an avancées. Voilà donc le paradoxe de ces bons trop vieux tankers qui transportent 90% des marchandises produites dans le monde et dont la flotte augmente d'autant que le commerce mondial ne s'intensifie.
C'est d'ailleurs là que le bât blesse car ils ont beau avoir le meilleur bilan CO2 émis à la tonne transportée, les taux de croissance du secteur ont de quoi donner le vertige... On estime ainsi que ces émissions pourraient bien augmenter de 30% sur les 10-15 prochaines années ! Alors Ok, on savait déjà que les bateaux étaient de gros émetteurs d'oxydes d'azote et de SO2, mais niveau CO2, leur bilan à la tonne était un élément "suffisant" jusqu'alors pour les laisser tranquilles dans leurs coins d'océan.
On peut donc décemment se poser la question du pourquoi contraindre les compagnies aériennes et le secteur de l'aviation à se plier à des mécanismes et des accords de réduction, alors que la flotte maritime passerait, à l'inverse des poissons, entre les mailles du filet ?
Une des explication vient peut être du fait que "JE" prends l'avion, alors que c'est mon lecteur DVD qui prend le bateau...C'est pourtant une manière un peu mazochiste de voir les choses. Pourquoi se sentirait-on coupable de bouffer notre crédit perso de CO2 quand on prend l'avion pour aller visiter la Thaïlande, alors qu'on s'en fout lorsqu'on achète chaque année toute notre électronique, nos fringues, nos meubles qui arrivent d'asie par bateau ? C'est sans doute aussi parce que c'est la meilleure manière de ne pas voir les impacts environnementaux induits par notre consommation. Mais à choisir, je préfère aller en Thaïlande !
Autre exemple simple : citez moi au moins 5 compagnies aériennes et deux fabricants d'avions............ C'est fait ! Alors maintenant citez moi un fabricant de bateau, et une compagnie de transport maritime.... ! Si vous êtes comme moi, vous serez bien embêtés...
On voit donc qu'il est bien plus simple de mettre la pression sur le secteur aérien et que la révolution maritime n'est pas pour demain. Oui, il y a bien les Skysails qui montrent une tendance des transporteurs à revenir vers la voile, et qui permettent une diminution des coûts de carburant de 10 à 35 % ; il y a aussi certains projets de recherches comme Methapu (pile à combustible pour applications maritimes) ou encore Creating qui a présenté récemment sa première péniche Victoria "respectueuse de l'environnement", qui intègre un contrôle de la vitesse, un filtre à particule et un gazole à faible teneur de soufre; mais dans l'absolu, il me semble qu'on est encore loin des efforts qui seraient nécessaires pour effacer nos idées préconçues et que les institutions et réglementations internationales sachent distinguer l'arbre qui cacherait la forêt...
Allez, dites moi ce que vous en pensez ?
++ Guardian
++ BBC News
++ Environnement Magazine