Le placebo est un mot. Mais le mot est aussi un placebo… souvenez-vous en !
Je propose à toutes les pharmacies qui s’apprêtent à faire grève parce qu’on a soustrait à leur emprise un peu d’aspirine, d’oxyboldine ou de sulfaganidine, d’ouvrir un rayon de livres et de confier ce rayon à un artiste plutôt qu’à un chimiste pour soulager leurs clients avec de bons ingrédients.
Pour la migraine, l’anxiété ou la fébrilité on a plus intérêt à prescrire certains extraits… certains traités… certains essais…
Certaines tournures d’esprit, certains murmures de l’âme valent mieux que toutes les mixtures de boutiquier.
Vendeurs vendus à la bourse plutôt qu’à la vie !
On ne le sait que trop, il y a des mots pour venir à bout des maux de tête…
Des mots pour soulager les maux au ventre…
Des mots pour supporter le mal de vivre…
La littérature constitue la plus saine nourriture.
Encore faut-il y puiser ce dont notre esprit a besoin !
À chacun selon son tourment, son laxatif, son préservatif…
Proust n’est pas recommandable pour les constipés, ni la Bruyère pour celui qui a la diarrhée.
Il y a un savant dosage à observer. Parce que si tout n’est pas bon à lire certaines lectures peuvent vraiment nous aguerrir et nous dispenser de drogues pures et dures.
Dites-moi de quoi vous souffrez et je vous dirai quel livre feuilleter et quels mots avaler !
Il n’y a pas plus personnel qu’une médication.
Je dispose de la plus grande pharmacie : la bibliothèque nationale… il suffit de s’abonner !