Je viens de terminer un film qui contient le plus beau discours politique que j'ai entendu depuis belle lurette. Il me fait penser à Nancy Michaud, à la commision Bouchard-Taylor et à mes frères et soeurs de la planète terre.
Sharon Stone a dit : « On peut tuer Robert Kennedy, mais on ne peut tuer sa vision. » Voici un discours de Robert Kennedy, prononcé à la fin de Bobby, le film au sujet de la journée de son assassinat.
« Ce n'est pas un jour pour la politique. J'ai réservé cette unique occasion, mon seul évènement de la journée, pour vous parlez brièvement de la menace aveugle que fait planer la violence en ce pays, violence qui, à nouveau, souille notre terre et chacune de nos vies.
Elle n'est pas spécifique à une race. Les victimes de la violence sont blanches, et noirs, riches et pauvres, jeunes et vieilles, célèbres et inconnues.
Ces victimes sont avant tout, des êtres humains que d'autres êtres humains aiment et dont ils avaient besoin.
Personne, où qu'il vive et quoi qu'il fasse, ne peut dire à coup sûr qu'il ne souffrira pas demain d'un absurde bain de sang. Et pourtant ça continue, encore et toujours, dans ce pays qui est le nôtre. Pourquoi?
La violence a-t-elle jamais accompli quoi que ce soit? Qu'a-t-elle jamais créé?
Chaque fois qu'une vie américaine est anéantie sans raison par une autre vie américaine, que ce soit au nom de la loi, ou au mépris de la loi, par un homme seul ou par un groupe, de sang-froid ou dans la passion, dans une crise de violence ou en réponse à la violence, chaque fois que nous déchirons le tissu de nos vie, qu'un autre humain s'était péniblement et maladroitement tissé pour lui et ses enfants, chaque fois que nous posons ce geste, c'est toute la nation qui en est avilie.
Pourtant nous semblons tolérer un niveau de violence à la hausse, qui fait fi de notre humanité commune, comme de nos prétentions à la civilisation.
Trop souvent nous honorons les vantards, les fanfarons, et les apôtres de la force.
Trop souvent nous excusons ceux qui décident de bâtir leurs vies sur les rêves brisés d'autres êtres humains.
Mais ceci, au moins, est clair : la violence engendre la violence, la répression engendre les représailles, et seul un assainissement de notre société pourra débarrasser nos âmes de ce mal.
Car, quand nous inculquons à un homme la crainte et la haine de son frère, quand nous lui faisons croire qu'il est inférieur à cause de sa couleur, ou de ses croyances, ou des politiques qu'il poursuit, quand nous enseignons que ceux qui diffèrent de nous menace notre liberté, ou notre travail, ou notre foyer, ou notre famille, nous apprenons en même temps à voir les autres, non comme des concitoyens amis, mais comme des ennemis, et à être rapprochés, non dans la coopération, mais dans la conquête, nous apprenons à être assujettit, et à être dominés.
Nous apprenons, enfin, à voir en nos frères des étrangers, avec qui nous partageons une cité, mais non une communauté, des gens liés à nous par le même toit, mais non par l'effort commun. Nous n'apprenons à partager qu'une peur commune, qu'un désir commun de nous isoler les uns des autres, et qu'une pulsion commune de régler le désaccord par la force.
Nos vie sur cette planète sont trop courte, et le travail trop lourd pour laisser cette état d'esprit se répandre plus longtemps sur cette terre qui est la nôtre.
Nous ne pouvons, bien sûr, l'éliminer avec un programme, ou une résolution, mais nous pouvons peut-être nous rappeler, ne fut-ce qu'un moment, que ceux qui vivent avec nous nous sont nos frères, que ceux qui vivent avec nous le même court instant de vie n'aspirent, comme nous, a rien d'autre que la chance de vivre leurs vies avec un but et le bonheur, en retirant toute la satisfaction et l'épanouissement qu'ils pourront.
À coup sûr, ce lien d'un destin commun, ce lien de buts communs peut commencer à nous enseigner quelque chose.
À coup sûr, nous pouvons au moins apprendre à voir autour de nous nos camarades, nos semblables, et, à coup sûr, nous pouvons commencer à travailler un peu plus fort à panser nos blessures communes, pour redevenir dans nos cœurs des concitoyens et des frères. »
La critique de cinéma Manon Dumais, du Voir : « Si son discours paraît beaucoup trop long, sans doute parce que l'émotion qui nous étreint nous empêche d'en savourer chaque mot, force est de constater que celui-ci nous rappelle cruellement qu'il n'existe plus de politiciens de la trempe des Kennedy. »
« J'avais lu quelques discours de Bob Kennedy, raconte le nostalgique William H. Macy (acteur), mais celui qu'Emilio Esteves (réalisateur) a choisi pour la fin m'a bouleversé. Quelle différence entre ce discours et ceux de nos politiciens d'aujourd'hui! C'était si franc, direct et sincère. Aujourd'hui, les politiciens jouent la comédie, ils excellent dans l'art de ne rien dire pendant des heures afin de plaire. »