Autre formulation : « Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve ». (Hölderlin)
Ou encore : « Ce n’est pas parce que les utopies échouent qu’il ne faut pas les approcher ».
La dernière ?
On annonce dans les journaux que la moitié des espèces sauvages a disparu en 40 ans !
Oui il est temps de tenter le « journalisme positif » (ce que fait le journal Kaizen, et ce qui a intéressé cette semaine l’émission arretsurimages).
Nous revient cet excellent souvenir d’un journaliste, Gaël Legras, qui était venu nous filmer à Marseille pour Canal Plus. Dans un TedX plutôt émouvant, il explique pourquoi les médias, et notamment la télévision, ne mettent jamais en avant ce qu’il peut y avoir de beau dans l’humain…
Rien à voir mais nous avons reçu la dernière publication de l’ADEME concernant les labels de l’éco-consommation.
Car, si nous pouvons nous enorgueillir d’une chose, c’est bien du succès de notre guide « Les bons labels et les truands« .
Distribué sur de nombreux salons, réclamé sur par de nombreuses associations, vu et téléchargé des dizaines de milliers de fois, il nous arrive de le rencontrer au hasard, chez des gens, dans des bureaux, dans des salles d’attente !
Nous avons régulièrement épluché les guides labels de l’ADEME, environ un par an. Et il faut bien avouer que ce genre de publication ne peut pas trouver de public.
Ils ont classé les labels non pas par pertinence mais par « catégorie de produits ». Vous apprendrez donc cette chose très importante à savoir que le label AB se retrouve plutôt dans l’alimentation, et que sur les jouets, vous ne verrez que Nordic Swan… ce qui est faux d’ailleurs puisque de nombreux autres labels se retrouvent dans cette catégorie Jouets.
Chaque fois, nous espérons que l’ADEME nous lise un peu pour se corriger. Par exemple, nous écrivions à propos du label plus que bof, « Rainforest Alliance » ainsi décrit par le guide de l’ADEME :
Que veut dire ce logo ?
- commerce durable* (milieu tropical et subtropical),
- interdiction d’utiliser des pesticides non autorisés,
- évitement maximal des cultures transgéniques (introduction, culture ou transformation),
- pratique de la chasse, de la capture ou du trafic d’animaux sauvages interdites…
* Le commerce durable ne garantit pas de prix minimum pour les produits mais inclut le salaire minimum national.
Honnêtement, si vous n’êtes pas spécialiste du sujet, il y a de fortes chances pour que vous vous fassiez avoir. Mais avec un peu d’habitude, on réalise bien que ce label est une fumisterie. Interdit est un synonyme de non autorisés, l’évitement maximal n’est qu’une formule élégante pour dire « on fait comme on peut, comme on veut » et on ne voit pas pourquoi la récolte de café entrainerait du trafic d’animaux sauvages… Et évidemment, le « commerce durable » qui respecte la loi en recourant au salaire minimum national.
En résumé, si on veut aider le consommateur à s’y retrouver, un guide doit dire « Ce label ne garantit rien ».
Et aussi, ce qui est agaçant, c’est que l’ADEME est à l’origine d’un label qui s’appelle ecolabel européen, qui est une heureuse initiative d’harmonisation européenne mais qui a toujours été un point de désaccord entre eux et nous (car oui nous avons déjà fait des tables rondes avec l’ADEME sur ce sujet).
La nature de ce label est de s’adapter à chaque secteur et inévitablement, en fonction des domaines d’application, le label peut apporter une vraie garantie (peintures notamment) mais est parfois bien léger par rapport aux labels spécialisés (par exemple la cosmétique face à Cosmebio, la papeterie… même le WWF le dit).
Autre nouveau venu dans ce guide, c’est le label « Issus d’une exploitation de Haute Valeur Environnementale« . Le néophyte se dit chouette; l’expert renifle à plein nez le label de bric et de broc. Une référence à « Haute Qualité Environnementale » qui est déjà un label très bof dans le secteur du bâtiment. Le terme « Exploitation » au lieu de « Ferme » qui rappelle le vocabulaire des gros syndicats agricoles.
A notre humble avis, le rôle d’une agence nationale en matière d’éco-consommation est bel et bien d’orienter les acheteurs que nous sommes vers les produits mieux-disant socialement et environnementalement. En mentionnant des labels n’offrant aucune garantie sérieuse, on ne fait que du recensement, mais pas du conseil.
Loin de nous l’idée de considérer que nos publications détiennent La Vérité. Nous avons toujours revendiqué une part de subjectivité, mais nous sommes toujours capables d’expliciter un positionnement. Par exemple, suite à la récente polémique à propos de Max Havelaar, nous nous sommes interrogés sur la nécessité de réévaluer notre note. Nous avons aussi longtemps penser à référencer tous les labels bidons et nous avons parfois fait une fiche (Sustainable cleaning, conso responsable Leclerc ) mais cela vaut-il vraiment le coup. Il existe tellement d’initiatives farfelues que nous le faisons uniquement quand le logo se répand effectivement.
Mais peut-être qu’un jour, ils auront tous droit à leur affiche. Et là nous pourrons dire : « voici tous les labels que vous pouvez fuir« .
Et avec un peu de chance, ce sera diffusé par l’ADEME ?
Il y a juste un petit Aufhebung pour y parvenir !
Un copain en visite au siège social de Quechua (marque Décathlon) nous a envoyé ce cliché !