Depuis toujours, la femme a ses règles. Je sais, c’est pas correct en histoire de dire « depuis toujours » mais pour le coup, les menstruations, les cycles (pas les vélos), les ovaires et les utérus existent depuis autant de temps que la femme.
Chaque 28 jours, c’est la même chose, du sang s’écoule. Aujourd’hui, on fait toutes les belles avec notre mooncup et autres tampons bio qui préservent vagin et environnement, mais ça n’a pas toujours été si simple.
Antiquité :
Tu prendras bien un morceau de bois dans le vagin ?
Les Égyptiennes, en avance sur leur temps, étaient très branchées insertions vaginales, on a déjà vu qu’elles utilisaient des petites boules de cuivre comme moyen de contraception, je vous apprends aujourd’hui qu’en période de règles, elles concevaient des tampons périodiques avec du papyrus ramolli. Ingénieux.
Dans le monde grec, Hippocrate nous apprend qu’au Vème siècle avant notre ère, les femmes confectionnaient des tampons pour absorber leur flux avec des morceaux de bois entourés de fibres. Enfin, à Rome on utilisait de la laine, au Japon du papier, en Indonésie des fibres végétales ou encore en Afrique Équatoriale, des rouleaux de gazon.
Qu’est ce que vous voulez, on fait comme on peut. Malheureusement, avec la prise d’ampleur de la religion monothéiste, on régresse. Oh oui. Le tampon, c’est terminé.Se glisser quelque chose dans le vagin c’est péché. Bordel.
Du moyen âge à la fin du XIXème s. :
Les règles, croyances, conneries et hygiène (presque)
Au moyen âge, les femmes ne portent plus de protection. Les tampons sont la réincarnation du diable, en gros. Les sous-vêtements n’ont pas encore fait leur apparition, aussi, pas de culotte, pas de tampon, pas de serviette. Rien. La religion elle veut pas de toute façon.
Les meufs portent des jupes très longues, sans rien dessous. Aussi, en période de règles, la plupart d’entre elles laissent le sang couler librement le long de leurs jambes. Petit à petit, l’utilisation de linges en coton se répand. On l’attache sur les hanches, on le porte quelques heures puis, on le quitte, on le lave et on le remet.
Dans le quartier on sait qu’une femme est indisposée lorsqu’elle étend chaque jour ses linges blancs
Enfin, les premiers sous-vêtements commencent à faire leur apparition, les tenues sont larges et longues et porter des sous-vêtements étroits permet de préserver les vêtements de la transpiration mais aussi de n’importe quelles sécrétions. Le problème, c’est que ses sous-vêtements étaient portés durant plusieurs jours… Du coup, en période de règles, c’est un peu dégueulasse. Ça stagne, ça sèche, ça pue. Selon les époques, les théories changent, un coup les bains locaux (ou non) sont favorisés, un coup, on pense que l’eau diminue le flux et empêche ainsi la femme de se purifier… Bref…
Déjà, les règles sont perçues comme la représentation de l’impureté de la femme, impureté qui peut conduire à tuer des chenilles, faire tourner le lait ou encore être à l’origine d’une intempérie, si en plus la meuf sent fort, c’est une catastrophe. Mais bon, de toute façon, un homme ne doit pas dormir dans le même lit qu’une femme pendant cette période, il pourrait se trouver contaminé et avoir des saignements…
Bin oui.
XXème siècle :
La serviette hygiénique, c’est pas pratique
L’invention de la machine à filer est un vrai soulagement pour la femme, c’est l’heure de la production de culotte en masse ! Du coup ? Du coup ? On peut changer de culotte tous les jours, voire plusieurs fois par jour. Youpitralala, c’est un bon début côté propreté.
En plus, niveau hygiène, les travaux de Pasteur indiquent qu’il est important de se laver régulièrement, même en période de règles.
Mais avant la culotte, c’est l’apparition de la serviette hygiénique grâce à Kimberly Clark dans les années 1920. Accrochez-vous, c’est quelque chose. En gros, la serviette c’est un bout de tissu, un rectangle. Il n’y a évidemment pas de bande adhésive, puisqu’il n’y a pas de culotte. Aussi, il faut mettre une sorte de ceinture dont dépassent deux lanières, devant et derrière. À ces dernières on accroche le morceau de tissu à l’aide d’épingles. En fait, c’est un peu comme des porte-jarretelles mais en différent quoi. Genre, pas sexy. Ensuite, c’est simple, tu défais les épingles et tu laves ton tissu. Il faut attendre 1963 pour trouver des serviettes jetables dans toutes les grandes surfaces.
Et le tampax fut.
En 1929, le médecin américain Cleveland Haas reçoit une de ses patientes qui lui avoue se glisser un morceau d’éponge dans le vagin chaque jour de ses règles pour absorber le sang. Malin. Le mec se dit qu’il y a p’t’être un business à faire, il va alors créer un premier modèle de tampon en coton comprimé. Et attention : le tube fait 5 cm de large pour 15 cm de long. Putain. T’imagines ?
Si tu n’imagines pas, sache que le diamètre moyen d’un sexe mâle en érection est de 3, quelque chose cm, et 14 cm de long. Alors 5×15 toute la journée quand tu es au boulot, au supermarché ou n’importe où, ça commence à être un peu gênant.
Outre la taille, le mec a pensé à tout, il a créé un applicateur composé de deux tubes : le premier pour tenir le tampon, le second, plus petit, pour le mettre en place (pour ceux qui ne suivent vraiment pas, la place, c’est l’intérieur du vagin). Enfin, les tampons sont munis d’une cordelle pour pouvoir être retirés facilement.
Finalement, le mec va commercialiser son invention en 1936 en créant sa marque : Tampax.
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