Publié le 02 octobre 2014 par Universcomics
@Josemaniette
Il n'y a pas que Batman qui a eu droit à son Year One. Année un pour Robin, le jeune prodige, ici dans son incarnation la plus classique, c'est à dire Dick Grayson. Un jeune orphelin qui a perdu ses parents dans un accident criminel au trapèze, et que nous retrouvons d'emblée en pleine phase d'entraînement aux cotés de son mentor et père de substitution, Batman. L'album commence avec Batman Chronicles : The Gauntlet, qui est une sorte de test grandeur nature pour Robin. Le but est de passer une nuit entière à échapper au Dark Knight, pour se démontrer digne de l'accompagner par la suite dans ses rondes urbaines. Tout ceci ressemble à un jeu de cache-cache innocent, sauf que d'emblée Dick se heurte à un policier en civil victime d'une agression brutale, s'immisçant de la sorte dans les activités d'un certain Joe Minette, ponte de la pègre locale, qui va participer à la traque à sa manière, c'est à dire de façon beaucoup moins clémente. Il est intéressant de voir ce qui se passe dans la tête de Bruce Wayne : il n'a pas du tout envie de placer son jeune pupille dans des situations hasardeuses qui pourraient le mener à une fin tragique, mais dans le même temps il a besoin de ce side-kick et il est prêt à le prendre définitivement sous sa coupe s'il se révèle à la hauteur du maître. Un Robin qui a entre les mains un jeu de cartes représentant des femmes nues, à destination du commissaire Gordon, cadeau empoisonné de celui qu'il a secouru en vain, et qui va se montrer intelligent, truculent, et audacieux, pour son jeune âge. Certes Batman va venir lui tirer les marrons du feu au dernier instant, après l'avoir quelque peu épié dans l'ombre, mais il méritera bien ses galons de héros en devenir. Un travail sympathique de Bruce Canwell, bien illustré par Lee Weeks, qui présente un Robin bondissant, agile, gracieux, mais toujours aussi ridicule, avec le recul, dans son improbable costume rouge et verte, avec culotte courte (ou simple slip?) et bottines évasés. Un look effrayant, pour ne pas dire scabreux... Second récit présent, Robin Year One, en quatre parties. Cette fois c'est Alfred Pennyworth qui joue au narrateur,et nous donne sa propre vision des choses. Une histoire qui nait sous les pires auspices, avec un Chapelier Fou chargé d'enlever une dizaine de gamines de Gotham pour le compte d'un politicien asiatique. Robin se charge de l'enquête seul, pendant que Bruce Wayne est occupé sur le yacht du commanditaire des rapts, ce qui pourrait lui valoir un bon savon. Batman n'est pas si convaincu que ça de laisser son jeune side-kick prendre les choses en main, sans son aval. C'est ensuite le commissaire Gordon qui exprime ses doutes et sa réticence à voir un gamin affublé d'un costume, rendre la justice aux cotés d'un dur de dur comme le Dark Knight, d'autant plus que la menace de Double Face se profile à l'horizon : pour se venger de Batman, il projette d'assassiner son jeune compagnon! Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'on pourrait s'attendre à une revisitation plus soft et complaisante des débuts du jeune prodige, et pourtant ces pages lorgnent par endroits vers la violence la plus crue, et abordent des thématiques adultes et dérangeantes. Le jeune âge du protagoniste est un bon miroir à tendre vers Gotham pour y aborder des questions comme le détournement de mineurs, ou bien l'exploitation des plus fragiles par des adultes sans morale. Chuck Dixon signe un scénario réfléchi et mur, qui est idéal pour souligner la maturité naissante de Robin, qui reste pourtant par endroits l'idéaliste naïf qu'il pourrait être. Les dessins de Marcos Martin et Javier Pulido sont frais, subtilement cartoony, dotés d'une mise en couleur inspirée et originale. Ce qui fait de ce Année Un une parution fort agréable, fort recommandable à tous ceux qui souhaitent prolonger l'expérience et la connaissance des premières années du Duo le plus bondissant de Gotham, la Chauve-Souris et son fidèle Rouge-Gorge.