Ségolène Royal livre la bataille du Premier Secrétaire du PS comme le tremplin pour la présidentielle 2012. N'est-ce pas la meilleure façon pour se fragiliser ?
Les USA comme la GB connaissent aussi un débat sur l'avenir des partis politiques et la nécessité d'éventuelles réformes.
Quelles sont les lignes directrices des actuels constats dominants dans ces pays ?
Même s'il a reculé, le poids des partis politiques demeure important. Dans ces régimes de bipartisme, sur un grand nombre de problèmes, il existe des divergences qui correspondent à des séparations de fond.
L'appartenance à un parti politique conserve donc un sens indiscutable.
A l'intérieur d'un parti politique, il existe une certaine cohésion. Le parti politique n'est plus un outil d'unification de vues politiques mais il reste le cadre d'une cohésion certaine au-delà des débats internes qui peuvent exister.
Le principal domaine qui pouvait échapper à cette cohésion pouvait être aux USA le secteur de la politique étrangère qui connaissait des lignes de fractures ne recoupant pas les clivages des partis ni les séparations internes classiques. Avec la guerre d'Irak, cette originalité tend à disparaître. La politique étrangère donne désormais lieu à deux approches bien distinctes.
Le vrai clivage concerne le débat sur la fonction donnée à un parti politique.
A-t-il une fonction prioritaire de médiation ou de dogmatisme ?
En d'autres termes, un parti politique a-t-il vocation à servir de lieu privilégié d'accueil des diverses sensibilités afin de permettre le débat entre elles afin qu'elles déterminent le plus petit dénominateur commun ou à l'inverse le parti politique doit-il être le défenseur vigilant d'une doctrine incontournable ?
L'actuelle démocratie est d'abord une démocratie plébiscitaire reposant sur le rapport direct à un leader. La fonction de gardien vigilant d'un corps de doctrine est peu compatible avec cette approche nouvelle des contraintes électorales.
Si ces nouvelles contraintes réduisent considérablement la faculté pour un parti politique d'être le gardien d'une stricte propagande idéologique, l'évolution vers une fonction principale de pure médiation n'est pas sans danger. Elle laisse une place très importante aux seuls arbitrages d'actualité et une place d'autant plus grande ultérieurement aux groupes de pression faute de cadre initial rigide.
En réalité, au-delà de cet enjeu conceptuel, trois dossiers méritent une attention majeure.
Le premier enjeu est celui de la relation entre un parti politique et l'argent. L'argent joue un rôle de plus en plus important. Par divers facteurs qui vont des dotations publiques aux collectes périodiques, les partis politiques sont de véritables " trésors " sans lesquels aucune action nationale significative n'est possible. Cette réalité matérielle est la meilleure garantie d'importance durable des partis politiques.
Le second enjeu concerne la relation entre un parti politique et les consultations populaires directes. Plus la géographie concernée multiplie les consultations référendaires, moins les partis politiques sont des structures idéologiques solides. L'exemple le plus caricatural est celui de la Californie. Cet exemple montre aussi que la multiplication des consultations référendaires ne signifie pas l'accroissement du partage démocratique des décisions. Bien au contraire, la multiplication des référendums éloigne les décisions du socle populaire. La participation décroît. Le désintérêt gagne les couches les plus populaires. Le référendum devient vite un moyen pour la validation populaire de décisions engagées par des groupes de pression les mieux organisés.
Le troisième enjeu majeur concerne la relation entre un parti politique et l'attente de moralisation manifestée par les opinions publiques. Les partis ont été fortement déstabilisés par les situations heurtant les repères moraux de l'opinion publique. Chaque révélation de ce type est une réelle déclaration de guerre contre le parti visé qui se doit de réagir de façon violente et symbolique. Toute accusation de vice doit devenir une déclaration de vertu étouffant l'accusation initiale.
L'entrée en fonction de Ségolène Royal en qualité de Premier Secrétaire du PS n'a de sens que si elle est capable de réformer le PS. A voir les clivages internes n'est-ce pas une tâche tellemet difficile qu'elle transformera le tremplin potentiel en plongeoir incontournable ?