Jeudi 22 mai 2008:
Une info qui tombe bien pour mon 400e article!
Je ne voudrais pas jouer le rabat-joie face à l'euphorie du milieu culturel breton suite au vote d'un amendement de l'article 1 (et pas 2) de la Constitution Française, mais tout n'est pas encore joué! Comme le rappelle le député Jean-Jacques Urvoas, "nous ne sommes qu'au début d'un processus dont le terme demeure incertain".
Je suis allé chercher l'article 1 de la Constitution car contrairement à un de mes amis (un jacobin), je ne connais pas la Constitution par coeur:
"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée". (source).
On se souvient que les lois de décentralisation Raffarin (2004) avait permis l'ajout de la dernière phrase (qui, entre nous, est une blague à laquelle je ris encore!).
L'amendement voté cet après-midi se traduirait donc (sous réserve d'un vote défavorable au Sénat) par une phrase libellée comme suit: "les langues régionales appartiennent à son patrimoine".
Je ne sais qu'en penser! Pourquoi l'article 1 et pas l'article 2 puisqu'il s'agit des langues? Parce que l'on ne touche pas à la NATION FRANÇAISE qui transpire dans le deuxième article. La présence du terme "indivisible" rappelle que la Bretagne n'est juridiquement PAS une nation.
Ce qui me fait craindre que le terme "patrimoine" ne soit interprêté que comme "une chose à préserver". Langues musées? Vieilles pierres? J'espère me tromper, mais pour l'instant, je persiste: la France donnera les moyens nécessaires à la préservation des langues, mais donnera-t-elle assez pour promouvoir ces langues? (voir ici) Au final, Claude Nadeau se posait la même question!
Illustration: François Laforgue.