Borgia // Saison 3. Episodes 5 et 6. 1499 / 1500.
Ce que je trouve de remarquable avec une série comme Borgia c’est le fait qu’elle ne cherche jamais à nous mettre dans une situation trop prévisible. Ne connaissant pas l’histoire, je vois au travers de la vie des Borgia beaucoup de hasard et de choses qui sont plus issues du destin que de twists chimiques inventés par des scénaristes. Tom Fontana a su apporter beaucoup de choses intéressantes à sa version des Borgia et je trouve qu’à certains moments c’était même bien plus intéressant que tout ce que l’on a pu voir dans la série américaine de la vie de cette famille. Peut-être est-ce tout simplement car elle a été produite par des européens. Avec ces deux épisodes, les histoires évoluent. Dans l’épisode précédent on avait pu voir à quel point Rodrigo était en train de perdre la tête. Ce moment où il confesse l’homme de Lucrezia et qu’il s’astique le manque sur ce qu’il dit c’était certainement l’une des scènes les plus dégoutantes de l’histoire des Borgia mais au fond c’est aussi une scène particulièrement logique. On ne pouvait pas en attendre moins de la part de cette série et l’on voit très bien que les choses fonctionnent très bien. Rodrigo est affaibli par le temps, victime dans « 1499 » d’une nouvelle crise d’épilepsie.
Toutes ces crises sont là pour rappeler à quel point Rodrigo, qui tente toujours de tout contrôler, ne contrôle presque plus rien. Tout le monde cherche à faire des complots dans son dos, tout le monde semble vouloir sa place et tout le monde est proche de cet objectif alors que l’on sent que Rodrigo est au bout de son règne. Cependant, quand il le veut aussi, il peut être quelqu’un d’un peu plus fort, quelqu’un de plus pertinent qui peut faire des choix (même si ceux-ci ne sont pas vraiment les siens mais plutôt ceux qui sont en accord avec ses principes et ceux de sa propre famille). D’ailleurs, dans « 1500 » il refuse toujours que les troupes françaises traversent les états pontificaux jusqu’à Naples. Une façon pour lui de rappeler sa suprématie mais au fond ce n’est peut-être pas ce qu’il aurait dû faire. On ne peut de toute façon par changer l’histoire et les choix de Rodrigo ne sont pas toujours basés sur de la pure logique. Mais ces deux épisodes sont aussi bien moins rythmés que les quatre précédents. Il se passe moins de choses marquantes et surprenantes, peut-être est-ce aussi le creux des dernières années des Borgia. Il y a toujours des trous d’air dans la vie d’une famille, d’une dynastie et c’est peut-être ces deux années qui sont celles des Borgia.
A côté, Cesare tente quant à lui de démontrer qu’il est, envers et contre tous, l’homme de la situation quand il s’agit d’être un vrai conquérant. Il se voit attribuer le titre de Prince de Romagne et dans le second épisode il va se retrouver accusé du meurtre du mari de Lucrezia. D’ailleurs, de ce point de vue là je dois avouer que je suis assez surpris mais cela permet aussi de générer des émotions, une vraie confrontation. On sait pertinemment que Cesare est très amoureux de sa soeur et que les liens qu’il y a entre ces deux personnages sont si forts qu’ils ne peuvent réellement être brisés mais les émotions de Lucrezia sont bien plus belles que l’on ne peut le penser. C’est un jeu pour elle et on le sait pertinemment, notamment quand dans « 1499 » elle utilise son mari comme une sorte d’arme qu’elle agite sous le nez de Cesare. Elle veut lui rappeler qu’elle peut avoir tout ce qu’elle veut, qu’elle peut aussi le rendre jaloux et donc peut-être impliquer le fait qu’il en veuille à la vie de son mari. Mais non. Petit à petit, c’est l’incompréhension la plus totale qui règne chez les Borgia et la série tente justement de mettre cela en exergue, le fait que cette famille se déchire et ne semble pas pouvoir recoller les morceaux.
Après tout ce n’est pas facile de venir à bout d’une histoire comme celle des Borgia, quand tous les personnages finissent par à la fois s’aimer mais aussi se détester. Il y a tellement de retournements de situation, de vestes, etc. que l’on ne sait plus vraiment dans quelle cour danser. De son côté, Giula s’exerce dans un premier temps à la magie noire. C’est un aspect qui tente de se retrouver en marge de ce que Borgia est habituellement, plus terre à terre (même si la foi en soi est bien plus spirituel et donc légèrement fantastique). Peu importe, cet épisode ne cherche pas à en faire des tonnes sur elle, juste à montrer le fait qu’elle n’est pas prête à dire au revoir au pouvoir qu’elle a gagné et qu’elle peut tout faire pour arriver à ses fins (même de la magie noire). Elle va aussi rendre visite à Lucrezia qui vit recluse à Nepi dans le second épisode. Les deux femmes n’ont pas une relation très claire. Disons que l’on ne sait pas forcément quoi en attendre au premier abord et puis rapidement le scénario depuis bien plus limpide. Finalement ces deux épisodes de Borgia étaient moins bons que ce que l’on a l’habitude de voir depuis le début de la saison et je suis légèrement déçu.
Note : 5.5/10. En bref, deux épisodes transitoires un peu longs à la détente.