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Still the Water : Vagues d’émotions fortes

Publié le 01 octobre 2014 par Unionstreet
Still the Water
 
Sur l’île d’Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu’un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d’été, Kaito, découvre le corps d’un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l’aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour…
 
Still the water

Ce sont peut-être les images du tsunami qui a frappé le Japon en 2011 qui me sont restées en tête, mais le typhon qui s’abat sur l’archipel durant le film m’a effrayé. Les personnages vivent dans des maisons au bord de l’eau et l’on s’imagine que tout sera détruit, que tout est vulnérable face à cette eau. Cette force venant de la mer, ces immenses vagues sont aussi fortes que le sentiment d’injustice que ressent Kyoko lorsqu’elle apprend que sa mère va mourir.

Faut il avoir peur de l’eau ? Derrière les vagues dévastatrices repose un monde abyssal splendide qui donne lieu à de magnifiques scènes de baignades sous-marine. Il est alors facile de faire le faire le parallèle entre ce monde aquatique et l’épreuve de la mort, de la perte d’un être cher. À la place de la chaleur du corps résidera celle du coeur. Mais comment réussir à faire son deuil ? Loin d’être mélodramatique, le film de Naomi Kawase, présenté lors du dernier Festival de Cannes, est un film étonnamment serein. Ces deux adolescents font face à des événements marquants (perte d’une mère, un cadavre retrouvé sur une plage de l’archipel) et vont devoir apprendre à vivre malgré tout.

La sérénité vient de cette proximité, de cette harmonie avec la nature. Naomi Kawase a toujours donné une place importante à celle ci dans ses films, mais ici il semble que tout ne fasse qu’un. Les vagues et le vent se font violence lorsque les tourments de la petite Kyoko deviennent trop grands. Le contraste est marqué lorsque son petit ami part à Tokyo. Le retour au bord de mer est revigorant. Les scènes paisibles grâce à une vraie simplicité.

Still the water

Simplicité. C’est peut être le mot qui vient à l’esprit pour qui connaît la filmographie de la réalisatrice. Cadrage moins propre, personnages plus caricaturaux, propos bien appuyés au cas où le spectateur passerait à côté des métaphores. Mais de cette simplicité naît une magie en lien avec le chamanisme du film, une ode à la nature et à la vie, bouffée d’air frais représentée par cette bulle d’air remontant des abysses jusqu’à la surface. Un souffle de vie qui laisse penser que la réalisatrice a voulu se défaire d’une mise en scène léchée pour se rapprocher au plus près de ses personnages. La stratégie se révèle payante : on se demande alors comment le jury du dernier Festival de Cannes a t-il pu ne pas récompenser ce film emprunt d’une subtilité folle et de grâce ? La scène de l’agonie de la mère, autour de qui sa famille danse et chante pour l’accompagner jusqu’à son dernier souffle, brise le coeur et pourtant le réchauffe. C’est aussi une fille allongée sur les genoux de sa mère malade, elle même allongée sur les genoux de son mari : un moment de bonheur intimiste et magnifique. Une autre scène reste en tête : quand une chèvre se vide de son sang devant les yeux des deux adolescents. Violence et fascination.

Still the Water est une vague d’émotions fortes qui lie les vivants à la nature, Dieux et ceux qui restent. Une oeuvre qui ressemble souvent à une version live des préoccupations de Miyazaki. Un must pour les amoureux de la nature.

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