La croissance, tout le monde y croit, enfin presque... Même, semble-t-il, quand elle ne fait pas de sens. On doit croire à la croissance comme on croit aux croissants du dimanche matin avant d'aller prier à la messe. C'est un acte de foi. On croit à la croissance même si la crise de foi nous guette, même si la crise économique s’accroît, et pour sûr elle va s'accroître.
La croissance a ses limites, parti d’une petite graine l’arbre croît mais il ne monte jamais au ciel sauf, peut-être, dans les chansons de Brassens :
- Le curé de chez nous, petit saint besogneux
- Doute que sa fumée, s'élève jusqu'à Dieu
- Qu'est-ce qu'il en sait le bougre, et qui donc lui a dit
- Qu'y a pas de chêne en paradis ?
Pour revenir à la croissance économique, dogme religieux que nous croasse tous ses croyants de Hollande à Sarkozy, il faut considérer deux ou trois choses : chez nous, la plupart des gens ont plus que le nécessaire pour vivre. Les laissés pour compte, ceux qui n’ont pas assez pour vivre, n’ont pas d’argent et la plupart ne trouveront plus de travail vu que le travail est presque entièrement effectué par des machines.
D’autre part, on a largement dépassé les ressources utilisables de la planète et il faudra bien arrêter de fabriquer des objets superflus.
Il faut savoir que la croissance exprimée en taux croît de façon exponentielle. Avec un taux chinois de 10%, il faut un peu plus de 7 ans pour doubler la production. Si le taux est de 4% le doublement se fait tous les 17 ans et demi, à 3% il faut 24 ans, à 2% 35 ans, à 1% taux considéré comme calamiteux il faut 70 ans.
Aujourd’hui, on consomme les ressources annuelles de la planète en six mois, en 2084 avec cette croissance calamiteuse de 1% on ne mettra plus que 3 mois. Qui l’eut cru ?
A la vue de ces chiffres on comprend qu’il faut faire une croix sur la croissance pour éviter la crue. C’est fini, la croisière ne s’amuse plus. Soyons des incroyants et arrêtons cette manière de penser au plus tôt. Parlons de simplicité volontaire et même de décroissance, et encore, il va falloir croiser les doigts.
Le verbe croître vient du verbe latin crescere qui s'applique à la croissance dans la nature. En grec, la nature se dit phusis qui a donné physique. Phusis est issu du verbe phuein qui veut dire faire pousser, faire naître, croître. Le mot latin natura est associé au participe passé natus qui veut dire né. On peut en conclure que la croissante est naturelle de par sa naissance. Pourtant on ne peut pas en conclure qu’elle soit inexorable vu que, dans la nature, en cas de surpopulation ou de disette la croissance se transforme naturellement en décroissance.