Le Bulletin de William PETITJEAN
« Tuer pour manger », constate Laurent Pfaadt. La mondialisation de la vie décente reste à faire. Pire : c’est la mondialisation d’une vie indigne qui reste à éviter. Le Parlement européen semble en avoir pris bonne conscience à travers la résolution qu’il a adopté hier sur l’aide développement dans les pays qui souffrent de la faim. De cette faim qui n’est pas provoquée par des sécheresses catastrophiques ou par des déficiences imputables aux populations concernées, mais par un désordre mondial générateur d’injustices scandaleuses, de pénuries inadmissibles, d’exploitations éhontées…
Soyons clairs : les progrès technologiques en tous genres devraient permettre aux Terriens de produire suffisamment pour que tous aient à manger. A quoi bon parler de droits de l’Homme quand les besoins vitaux ne sont pas assurés ? Or, il n’y a aucune fatalité dans le malheur d’une partie de la population mondiale : si deux milliards de personnes vivent toujours dans une pauvreté extrême, si quelque 850 millions d’êtres humains souffrent chaque jour de la faim c’est surtout parce que leurs terres sont mal exploitées. Et parce qu’une minorité de spéculateurs, de profiteurs, de grands groupes plus financiers qu’agroalimentaires fondent leurs fortunes sur leur dos osseux.
Sans doute, les Parlementaires européens auraient-ils pu être plus virulents dans leurs critiques de ceux qui spéculent sur les prix des denrées alimentaires, qui jouent même avec des pénuries plus ou moins organisées, qui bousculent des conditions de vie d’une façon telle que la survie des victimes est en jeu… Sans doute auraient-ils pu aussi être plus exigeants (et plus concrets dans leurs propositions) vis-à-vis des responsables du Commerce international. Le suisse Jean ZIEGLER a fait sur ces sujets des travaux, des rapports et des livres qui ne circulent pas assez chez nos élus et chez nos décideurs…
Mais au moins le Parlement européen a eu le mérite de mettre quelques points sur quelques « i ». Au moment où l’on souhaite à juste titre que les parlements nationaux soient plus associés à la « construction européenne », il serait bon aussi que les assemblées nationales s’inspirent plus des travaux des eurodéputés. Ne serait-ce que pour les résolutions « communautaires » aient plus d’impact sur les politiques nationales… Surtout sur de telles questions….
En l’occurrence, les questions liées à l’aide au développement ne sont pas que quantitatives : elles sont aussi qualitative. Les investissements dans l'agriculture, l'aquaculture, le développement rural et les agro-industries des pays en développement doit être prioritaire. Mais doivent se faire dans des conditions de durabilité, de respect des cultures locales et de l’environnement, de l’intérêt des populations concernées.
Un constat : « 75% de la population pauvre mondiale vit dans des zones rurales, mais que 4% seulement de l'aide publique au développement (APD) est consacrée à l'agriculture ».
Un autre constat : Les petits agriculteurs des pays pauvres, qui sont surtout des femmes, ont besoin d'un accès à la terre, aux services financiers et aux crédits, aux semences à haut rendement, aux systèmes d'irrigation et aux engrais.
e Jean ZIEGLER a fait sur ces sujets des travaux, des rapports et des livres qui ne circulent pas assez chez nos élus et chez nos décideurs…Mais au moins le Parlement européen a eu le mérite de mettre quelques points sur quelques « i ». Au moment où l’on souhaite à juste titre que les parlements nationaux soient plus associés à la « construction européenne », il serait bon aussi que les assemblées nationales s’inspirent plus des travaux des eurodéputés. Ne serait-ce que pour les résolutions « communautaires » aient plus d’impact sur les politiques nationales… Surtout sur de telles questions….
En l’occurrence, les questions liées à l’aide au développement ne sont pas que quantitatives : elles sont aussi qualitative. Les investissements dans l'agriculture, l'aquaculture, le développement rural et les agro-industries des pays en développement doit être prioritaire. Mais doivent se faire dans des conditions de durabilité, de respect des cultures locales et de l’environnement, de l’intérêt des populations concernées.
Un constat : « 75% de la population pauvre mondiale vit dans des zones rurales, mais que 4% seulement de l'aide publique au développement (APD) est consacrée à l'agriculture ».
Un autre constat : Les petits agriculteurs des pays pauvres, qui sont surtout des femmes, ont besoin d'un accès à la terre, aux services financiers et aux crédits, aux semences à haut rendement, aux systèmes d'irrigation et aux engrais.
Comment en finir avec ces anomalies ?
La BEI (Banque européenne d’investissement) est invitée à étudier la possibilité de mettre en place sans plus tarder un fonds de garantie destiné à promouvoir des modèles nationaux de microcrédit, de prêt et de couverture des risques en phase avec les besoins des producteurs locaux de denrées alimentaires, notamment dans les pays en développement les plus pauvre s.Les députés souhaitent aussi promouvoir le commerce équitable et d'autres régimes éthiques « qui contribuent à relever les normes sociales et environnementales en soutenant les petits producteurs ». C’est bien. A condition que le commerce dit « équitable » ne devienne pas une étiquette trompeuse…parce que vendeuse.
De même il importe de ne pas confondre « libéralisation » et liberté de nuire… les eurodéputés le réclament : Les produits sensibles, qui répondent à des besoins de base pour les populations des pays en développement ou présentent une importance particulière pour la sécurité alimentaire et le développement rural dans les pays en développement, devraient être exclus de la libéralisation totale, afin de prévenir des dommages irréversibles pour les producteurs locaux. Tout cela se joue dans les négociations internationales où l’Europe se doit de parler d’une seule voix et rester fidèle aux valeurs qu’elle prétend défendre
Dans cette résolution adoptée par 485 voix pour, 52 contre et 7 abstentions, le Parlement invite le Conseil de l’Union à confirmer son attachement aux objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en réaffirmant ses engagements en matière de financement et en adoptant un plan d'action de l'UE lors du Conseil européen de juin. Il n’est que temps en effet. L’invitation devrait être une injonction !
La Commission est priée d'analyser l'impact de la spéculation sur les prix des denrées alimentaires et de présenter des mesures appropriées sur la base de cette analyse. Pourquoi diable ne l’a-t-elle pas déjà fait ?
Un rappel que devraient méditer ceux qui, comme les Britanniques, rêvent, à travers une « réforme » de la PAC, de campagnes transformées en terrains de golf, avec des pelouses plus qu’avec des plantations : Les stocks actuels de céréales de l’Union européenne permettant de tenir 30 jours au maximum. Est-ce suffisant ? Est-ce raisonnable ? Est-ce prudent ? Le temps n’est plus où l’on se plaignait des montagnes de ceci ou de cela dont on ne savait que faire…Les députés demandent justement d'améliorer les prévisions en matière de production agricole afin de pouvoir identifier beaucoup plus tôt les tendances dominantes de l’offre alimentaire mondiale. Voilà une marque de simple bon sens
Reste une question-clef sur un dossier controversé : convient-il de donner la priorité aux denrées alimentaires sur les carburants ? Si oui, sommes-nous prêts à en assumer toutes les conséquences ? Les eurodéputés souhaitent notamment que la production d'agro-carburants soit liée à des critères de durabilité et espèrent développer une bioénergie de deuxième génération. « Souhaite » et « espèrent » sont des mots bien faibles. Le subventionnement par l'UE des cultures destinées à la production de biocarburants ne se justifie plus, estiment-ils tout en soulignant que 2 à 3% seulement des terres agricoles de l’Union européenne sont actuellement affectées à ce genre de production.
Les députés estiment également que la crise actuelle nécessite une discussion immédiate et approfondie entre les institutions européennes et les États membres sur le rôle que peut jouer la biotechnologie moderne afin d’assurer la production continue de denrées alimentaires à des prix raisonnables. C’est bien. Mais cette exhortation de plus sera-t-elle entendue ?
William PETITJEAN
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