[notes sur la création] Lichtenberg

Par Florence Trocmé

[fragment F 1222, deux traductions encadrant la version originale.]  
 
 
Une règle de lecture est de ramener l’intention et l’idée principale de l’auteur en quelques mots pour ensuite se l’approprier sous cette forme. Celui qui lit ainsi est absorbé et s’instruit ; il y a cependant une manière de lire où l’esprit ne s’enrichit pas et, plutôt, s’appauvrit : il s’agit de cette lecture qui ne puise pas dans la culture du lecteur et qui ne s’unit point à sa philosophie.  
 
George Christoph Lichtenberg, Le miroir de l’âme
(aphorismes), traduit de l’allemand et préfacé par Charles Le Blanc, coll. Domaine Romantique, José Corti, 1997, p. 328 

 
 
Eine Regel beim Lesen ist die Absicht des Verfassers, und den Hauptgedanken sich auf wenig Worte zu bringen und sich unter dieser Gestalt eigen zu machen. Wer so liest ist beschäftigt, und gewinnt, es gibt eine Art von Lektüre wobei der Geist gar nichts gewinnt, und viel mehr verliert, es ist das Lesen ohne Vergleichung mit seinem eigenen Vorrat und ohne Vereinigung mit seinem Meinungs-System. 
 
(Lichtenberg, Südelbücher, source
 
 
F. 1222. Une règle, dans la lecture, est de résumer en quelques mots l’intention et les idées principales de l’auteur et de se les approprier sous cette forme. Qui lit ainsi est actif et y gagne. Il y a une sorte de lecture à laquelle l’esprit ne gagne rien et plutôt perd, celle de ceux qui lisent sans comparer avec leur propre fonds et sans intégration à leur propre système d’opinion 
 
Jean-François Billeter, Lichtenberg, traduit et présenté par JF Billeter, Allia, 2014, p. 68) 
 
Plus sur le livre de Jean-François Billeter et Lichtenberg ici.