Velvet travaille dans une blanchisserie, pour un salaire de misère et dans des conditions pénibles. Elle rêve naturellement d'une vie meilleure et enjolive son enfance (pourtant, peu reluisante et chargée d'un lourd passé) pour échapper à un avenir sordide. Aussi, saisit-elle sa chance lors de sa rencontre avec la célèbre Madame Savoya, réputée pour ses talents de médium, qui lui propose de devenir sa demoiselle de compagnie.
Velvet accepte sur le champ et quitte son quartier populaire de Chiswick pour Regent Park, où elle est accueillie avec effusion par le séduisant majordome, George. La jeune fille tombe sous le charme. Elle oublie ses racines, néglige ses amis d'enfance et tourne le dos à son soupirant, l'adorable Charlie. Plus rien ne compte à part cette existence idyllique, à côtoyer du beau monde, participer aux soirées occultes et autres séances de spiritisme. Velvet est littéralement fascinée.
Et c'est vrai que ce roman exerce un véritable magnétisme ! La plume de Mary Hooper est toujours aussi élégante et décrit avec réalisme la société victorienne à travers ses us et coutumes, comme la pratique controversée de la voyance et la divination, qui était très à la mode à l'époque et attirait des personnalités comme l'écrivain Arthur Conan Doyle (qu'on croise dans le livre). Mais cette immersion est vécue via l'expérience d'une héroïne naïve et facilement impressionnable, d'où cette sensation frustrante d'être témoin d'une supercherie, d'en deviner les bouts de ficelle mais de demeurer impuissant pour la tirer de sa rêverie. Aussi assiste-t-on à son naufrage avec une certaine compassion.
J'ai beaucoup aimé ce roman, charmant et précieux dans sa conduite, alléchant par son histoire, attentif à broder une vraie trame romanesque et soucieux du contexte historique. De plus, le choix d'associer les couvertures françaises aux illustrations de Pierre Mornet sont aussi un atout de séduction et un attrait stylistique majeurs !
éditions Des Grandes Personnes, septembre 2012 ♦ traduit par Fanny Ladd et Patricia Duez