Seulement en l'espace d'un week-end, de leur week-end, tout bascule. Alors qu'ils sont sur le point d'aller récupérer Evan à la gare, Jeffrey demande à ce qu'ils s'arrêtent dans une épicerie. Dans les minutes qui suivent, il en ressort avec avec une jeune fille au bras. Son otage. Leur fuite les conduit dans le studio d'enregistrement où travaille Will. Le week-end vire alors au huis-clos angoissant. Son issue est incertaine.
Il suffit d'un prologue et on sait à quoi s'en tenir. Enfin, on sait... c'est vite dit. On sait que le week-end n'aura pas les espérances attendues, loin s'en faut. Viennent ensuite les premiers chapitres,clac, clac, ça rigole pas, le décor est planté. La situation est là, claire, nette, précise. Les trois hommes sont complices, embarqués dans la même galère et tout porte à croire que leur vie en sera irrémédiablement changée. Quant à leur amitié, on n'en parle même pas. Elle se révèle juste plus fragile qu'elle n'en avait l'air. Tout va bien tant qu'on se rappelle les bons moments, mais dès lors qu'on gratte à la surface, les jalousies, les secrets enfouis et les rancœurs inexprimées s'exposent au grand jour.
L'enjeu de ce huis-clos est de savoir comment ces hommes vont s'en sortir. Les solutions ne sont pas nombreuses. Elles aussi sont exprimées assez vite. Se pose alors la question de savoir comment Michael Kardos va construire le reste de son roman. Au regard du nombre de pages restantes, pourra-t-il tenir sans tourner en rond, ne pas tomber dans la redite ou même s'essouffler ?
En fait, il tire très bien son épingle du jeu, que ce soit dans la tension qu'il instaure ou bien dans l'évocation des personnages, de leur ambivalence. S'il abuse parfois de cliffhangers aux allures de soufflés – en gros on lance un bon « OH-MY-GOD ! », qui se transforme en « ah bon, tout ça pour ça... » –, il tempère la pression ambiante – ça crie, ça pleure, ça castagne même par moments – et élargit son propos en laissant la place aux souvenirs de Will. Ceux-ci apportent un éclairage particulier à la nature des liens amicaux, entre solidité et fragilité, à la nature même des individus, chamboulés par le poids de l'ambition et du rapport à l'argent. Et du rapport à l'amour aussi. Autant d'éléments induisent une forme de complexité, qui plus est si cette mise en lumière est véhiculée sous le seul prisme de Will. Dans quelle mesure est-il objectif ? Dans quelle mesure ne se trompe-t-il pas sur les autres et sur lui-même ? Car, à tout bien considérer, est-il aussi naïf que ses amis le laissent entendre ?
A vous maintenant de répondre à ces questions en lisant Une affaire de trois jours, un roman bien construit, efficace dans son traitement, haletant dans les pistes qu'il suppose, et surprenant jusque dans son dénouement. Ah si, oui, le dénouement, plus j'y pense et plus je le trouve abouti, dans le sens où – mince il ne faudrait pas que j'en dise trop quand même... – où (où...hou..là, pas facile), dans le sens où il remet pas mal de choses en perspective. Voilà. Bien.
Bon ben salut et...
à bientôt...
...je ne sais pas encore trop avec quoi, j'hésite entre Science-fiction avec Indomptable de Jack Campbell, le deuxième volume de la première guerre formique d'Orson Scott Card, ou bien avec un petit Poulpe.
On verra.
Une affaire de trois jours, de Michael Kardos, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sébastien Guillot, Gallimard (Série noire), 2014