La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon

Dans ce roman, l'auteure a souhaité reconstituer une partie de la vie de Nadia Comaneci, petite fée communiste du temps de Ceausescu. Comme il manque des parties de l'histoire, Lola Lafon prévient qu'elle a volontairement intégré de la fiction dans ce récit. L'ensemble donne un roman qui nous éclaire sur la vie de cette gymnaste extraordinaire mais aussi sur le régime roumain. Les parties "inventées" ne m'ont pas gênées (j'avais été prévenue par les chroniques de blog donc je m'y étais préparée) et du coup j'ai abordé le roman comme il était.

J'ai aimé la manière dont l'auteure parle de Nadia Comaneci, j'ai eu envie de revoir ses exploits. J'ai vraiment admiré cette force de Nadia, cette volonté dépassant toute épreuve, ce contrôle de soi pour dépasser les limites, ne pas avoir peur, foncer, s'entraîner, tomber, se relever et toujours être focalisée sur son objectif : être la meilleure. Quand elle souffre, elle dépasse cela, juste pour 90 secondes, aller au bout, quelle force mentale! En parallèle j'ai beaucoup appris sur le régime roumain mais également sur la perception de l'occident, de cette soi-disant démocratie libérale dont on vante les mérites. L. Lafon invente ses échanges avec Nadia qui la force elle-même à être plus ouverte sur ce régime communiste, à en voir aussi les bons côtés et critiquer également la perception de l'occident

"Chez nous, on n'avait rien à désirer. Et chez vous, on est constamment sommés de désirer".

"Je n'arrive pas à comprendre comment les gens, aujourd'hui, peuvent souhaiter être localisés en permanence avec leur iPhone?!"

"La seule façon d'éviter les malentendus, les interprétations, me dit-elle, c'est de ne prononcer aucun mot qui puisse être déformé. Alors je me taisais. Beaucoup."

La condition des sportives, des femmes particulièrement est abordée. Avant et encore maintenant, le sport est spectacle. On veut de l'exploit mais on a aussi des normes. Les gymnastes sont plus attendrissantes si elles sont jeunes. Dès que les formes apparaissent, dès qu'elles grossissent un peu, c'est moins "mignon". Alors on fait ce qu'on peut pour retarder, cacher cette maladie! La condition des femmes sous le régime aussi est assez abjecte avec cette volonté de leur faire faire des enfants pour la patrie et les contrôles mensuels intimes qu'elles subissaient pour repérer celles qui avaient osé avorter.

Personnellement j'ai vraiment aimé ce mélange des genres : récit d'une vie (en partie inventée) de Nadia, exploits sportifs, conditions sportives sur fond de régime roumain, amour et corruption au sein du pouvoir. A la fin on est même embarqué dans une course poursuite à la recherche de Nadia qui a fui aux Etats-Unis. Un roman très riche et très documenté. Le seul bémol est peut-être selon moi la longueur du récit et les va et vient dans le temps qui par moment m'ont un peu perdus mais globalement j'ai beaucoup aimé.

L'avis de Leiloona, chez qui j'ai découvert ce livre, mais aussi de Clara, Echappée de Saxaoul.

Liliba a beaucoup moins aimé, Galéa a été déçue.