Il y a quelques années, j’avais rédigé un article sur les 10 bonnes raisons de s’installer en Suisse et de quitter la France. Délibérément provocateur, et avec des raisons pas toujours objectives, le billet avait fait réagir plus de 60 personnes. J’ai remis au goût du jour ce billet et ai rédigé 10 nouvelles bonnes raisons de s’expatrier en Suisse, en y intégrant les faits récents d’actualité. J’espère que vous serez au moins aussi nombreux à réagir que la dernière fois.
Petite précision : je parle bien ici d’expatriation, ce qui signifie bien une installation en Suisse (et pas un statut de frontalier).
Raison #1 : l’emploi
En Suisse, le taux de chômage est plutôt bas (environ 3% selon le Secrétariat d’Etat à l’Economie, environ 4,4% en août 2014 selon le la méthode de calcul du BIT – Bureau international du travail – et un peu plus de 10% dans les pays de l’Union européenne). Pas la peine de vous faire un long schéma explicatif, je crois que vous avez compris où se trouvent les opportunités d’emploi d’aujourd’hui et où se trouveront celles de demain. Même si trouver un emploi en Suisse n’est pas simple – la concurrence de bons candidats est forte – il peut être très intéressant, en terme d’investissement, de se pencher sur ce que le marché de l’emploi en Suisse a à proposer. Un petit exemple parmi d’autres : les entreprises suisses vont avoir besoin de recruter plus de 10 000 informaticiens chaque année pendant 8 ans.
Raison #2 : la culture du travail
Le travail est une valeur importante de la culture suisse. Ici, les employés ont, en général, tout ce qu’il faut pour être motivés :
- des conditions de travail en principe acceptables, voire bonnes,
- des employés qui ont également un emploi qui leur laisse de l’espace pour leur vie privée,
- un taux de contrats de durée déterminée d’environ 6% (contre plus du double par exemple en France)
Tout ceci (et bien d’autres choses qu’il est trop long de détailler) font que l’engagement des salariés en Suisse est plutôt bon, et les employeurs le rendent en général assez bien. Bien sûr, il existe des abus comme partout, et des secteurs et entreprises plus ou moins « agréables », mais globalement, les conditions et le contexte font qu’il est possible de s’épanouir sur le plan professionnel.
Par ailleurs, les entreprises sont au coeur de l’économie. On applique ici une recette toute simple qui stimule l’emploi : un droit du travail souple qui ne surprotège pas les salariés, et des charges allégées (comparez une feuille de salaire suisse et française si vous en doutez) qui permettent notamment de payer bien mieux les salariés qu’en moyenne en Europe. Fait assez significatif pour être mentionné : plus de 2/3 des patrons de PME sont satisfaits de leur situation… Ici, le travail donne le moral.
Raison #3 : l’Etat n’interfère pas dans la vie économique
Ici, l’Etat n’intervient pratiquement pas dans la vie des entreprises : les lois sont souples et laissent beaucoup de places aux discussions entre les partenaires sociaux, les aides d’Etats d’ordre financier apportées aux entreprises sont proches de zéro, la législation n’est pas changée tous les ans et permet aux entrepreneurs d’avoir une visibilité à long terme sur leurs investissements… Bref, on laisse faire les choses ici, et à en juger par la santé économique de la Suisse, c’est visiblement la bonne solution.
Raison #4 : des droits mais aussi des devoirs, et un respect de la société et de la communauté
Culturellement, ce n’est pas la culture du droit qui prévaut ici mais celle du devoir. Et pour beaucoup de choses, je vous garantie que cela change tout : comportement au travail, respect d’autrui, respect de la communauté…
Raison #5 : les diplômes ne sont pas roi, et l’ENA n’existe pas
La Suisse mérite d’y vivre rien que pour cette raison : le corporatisme ici n’existe pas. La culture du diplôme « supérieur » non plus. Du coup, si vous êtes travailleur, engagé, et bon professionnel, toutes les opportunités sont ouvertes. Si vous avez choisi la voix de l’apprentissage, on ne vous regardera pas comme un pestiféré, car c’est ici très courant et parfaitement intégré dans le monde du travail, et dans tous les secteurs d’activité. Dans certains pays d’Europe, où le diplôme est une valeur sûre (…), le poste maximum auquel vous aurez droit dépend directement de votre diplôme à l’entrée. Un peu comme dans l’administration française, où vous connaissez en entrant votre salaire de sortie à la retraite et le poste maximum que vous pourrez atteindre. Le système suisse laisse la part belle au rêve professionnel (sans que ce soit péjoratif), et ça, ça vaut très cher.
Raison #6 : la démocratie directe
Même si en tant qu’étranger, les vertus de la démocratie directe restent théoriques (il n’est pas possible de voter quand on n’est pas suisse, sauf dans certaines communes pour des sujets bien précis, non cantonaux et non fédéraux), cela reste un système équilibré. Il a ses limites et ses inconvénients – on l’a vu notamment pour la votation sur la limitation de l’immigration le 9 février dernier – mais il a surtout l’intérêt de limiter le pouvoir des politiques, qui peuvent voir leurs propositions stoppées ou ralenties par la décision du peuple. Du coup, les politiques ont une relation avec le peuple très particulière (on est plus dans la pédagogie et l’explication que dans la vente de rêves comme c’est le cas en France par exemple), et ils sont probablement moins nuisibles en Suisse que partout ailleurs en Europe. Et pour finir, la démocratie directe a un impact certain et évident sur la bonne marche de l’économie : ici, il n’y a pratiquement pas de grèves, pour la simple raison qu’on ne manifeste pas pour des lois qui ont été votées, voire proposées, par le peuple lui-même…
Raison #7 : tout le monde paye ses impôts ici, même les ministres et les députés
Petit clin d’oeil à l’affaire Thomas Thevenoud, ce ministre du gouvernement Valls anciennement député qui n’a pas payé ses impôts pendant plusieurs années et qui faisait la leçon sur ce sujet à la France entière : en Suisse, on n’aime pas les passe-droits et autres privilèges dont se gargarisent certains hommes politiques de pays voisins. En Suisse, les politiques sont des gens comme les autres, ils sont soumis aux mêmes lois, aux mêmes devoirs, et ne s’octroient pas de privilèges. Notamment, ils ne se votent pas des lois pour leur propre compte qui leur permettent de bénéficier davantages et privilèges divers. Bref, ce sont des citoyens comme les autres, et quand les politiques montrent l’exemple, c’est plus facile de les suivre et de leur faire confiance.
Raison #8 : les finances du pays sont gérées en bon père de famille
La Suisse est un pays qui a commencé son processus de désendettement depuis plusieurs années. De 220,4 milliards de francs en 2000, la dette est passée à 211,1 milliards en 2012. Certes, depuis 2009 elle a légèrement augmenté, mais globalement les dépenses publiques sont maîtrisées, et le pays bien géré. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que le « refus d’obstacle » de certains pays voisins a pour conséquence directe un report de la dette sur les générations futures. Dans tous les cas, ce sont nos enfants qui paieront la note que nos politiques refusent de payer aujourd’hui en prenant les bonnes mesures. Cela se traduira concrètement par une hausse d’impôts, des charges ou tout moyen qui permettra de récupérer de l’argent. Si vous avez des enfants, ou comptez en avoir, la Suisse me semble proposer un cadre beaucoup plus sain. Certes, le niveau de vie est élevé, mais la situation est saine. Dans certains pays, le niveau de vie est moins élevé mais augmente dans des proportions autrement plus inquiétantes, et surtout la situation économique est mal orientée.
Raison #9 : la retraite
Le système de retraite suisse a des failles, on sait qu’il n’est pas parfait. Organisé en 3 piliers, dont les 2 principaux reposent sur un système de répartition (l’AVS) et l’autre de capitalisation (la prévoyance professionnelle, l’équivalent de fonds de pension), le système de retraite suisse reste relativement solide, même si le taux de conversion a été récemment revu à la baisse et qu’il devrait baisser encore probablement (le taux de conversion, c’est le taux qui est appliqué au montant accumulé dans le cadre du 2ème pilier et qui, une fois à la retraite, vous donnera le montant de votre rente si vous décidez de toucher votre retraite sous forme de rente). Dans tous les cas, la modification de ce taux de conversion est soumise à la sagesse du peuple, pas à une ordre d’énarques et de politiciens qui ne sont de toute façon pas concernés par le problème des retraites en France étant donné qu’ils bénéficient de statuts privilégiés et de lois qu’ils ont voté pour eux-même). Pour finir, quand on sait que plus de 85% des revenus des retraités en France provient des fonds publics (contre 60% en Suisse), on peut se dire que les prestations ne peuvent que baisser, et malheureusement assez rapidement.
Raison #10 : la mise en oeuvre de la votation sur la limitation de l’immigration
En février dernier, le peuple suisse a souhaité limiter l’immigration en Suisse. Si rien n’est encore fait, il est très probable qu’il soit plus difficile de travailler en Suisse à partir de 2017. Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, et vous savez maintenant que vous n’avez pas 5 ans pour le faire…
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