Une question de bon sens
Ce vendredi matin, arrivé du Brésil et en partance pour l’Irlande, l’ex- professeur de chimie se présente à la presse place de la République, à Paris. Il n’a rien à vendre – son livre The Zero Waste Solution est sorti l’an dernier aux Etats-Unis et aucune traduction en français n’est prévue à ce jour –, juste ses idées à semer. Et sa caution de poids à apporter à Zero Waste France, le tout nouveau mouvement environnementaliste qui n’est autre que l’ex-Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid). « Bien qu’il n’ait pas de responsabilité dans le mouvement Zero Waste, Paul Connett est un expert incontournable pour nous. Avec ses 30 ans d’activisme contre les déchets, il bénéficie d’un recul éclairant », explique Flore Berlingen, présidente de Zero Waste France.Assis sur un haut tabouret, Paul Connett énumère les dix étapes qui permettraient d’atteindre une société zéro déchet : d’abord et avant tout, lutter contre l’incinération. « Car quand bien même des ingénieurs sauraient aujourd’hui fabriquer des incinérateurs sûrs, continuer à dépenser autant d’argent pour détruire des ressources que l’on devrait léguer aux générations futures n’a pas de sens », tonne-t-il de sa voix grave. Ensuite, trier, composter, recycler, réparer les objets cassés, taxer les ménages en fonction du poids de leurs déchets, étanchéifier les décharges pour éviter la contamination des sols, etc. La liste est longue mais « c’est du bon sens », dit-il.Pourtant, Paul Connett le reconnaît volontiers : « Cela implique un changement de paradigme : il faut passer d’une société du jetable à une société durable. Dire aux industriels, “si vous ne pouvez pas recycler ceci, ne le produisez pas”. Inciter les citoyens à éteindre leur télé qui les bombarde de publicités les exhortant à surconsommer. Recréer du lien autour d’activités de compostage ou dans des ateliers de recyclage, pour lutter contre l’anonymat des grandes villes. » Des solutions pour la plupart à portée de main.Des déchets solubles dans le vin et la bonne humeur
Mais afin que tous les citoyens – et pas uniquement les activistes écolos – s’en emparent pour de bon, il convient de « passer de la “lutte contre” à la “lutte pour”. Du contre l’incinération des débuts, on se bat aujourd’hui pour le zéro déchet, pour le recyclage, pour les bénéfices pour la santé, pour les emplois que ça peut créer. Il faut donner envie ! Eduquer les enfants aux bons gestes, en faire des maîtres du compostage, partager les initiatives des communautés locales avec le reste de la planète. »La lutte, selon lui, doit être joyeuse. « Amusez-vous !, enchaîne-t-il. Il n’y a rien de pire que des activistes sérieux. Ne laissez pas le développement durable aux mains d’ingénieurs ennuyeux, changez le monde en buvant du vin ! » Joignant l’acte à la parole, il commande un verre de rouge après avoir chanté, en anglais puis en italien, son hymne Zero Waste : « Nous ne voulons pas de l’incinération, nous avons une meilleure solution », sur l’air de Glory Alleluia. Effet comique garanti... et message reçu.Le mouvement Zero Waste a lancé un appel à financement participatif pour financer son livre.29-09-2014http://www.terraeco.net/Paul-Connett-l-activiste-qui-fait,56683.html