La gestion d’actifs a connu une croissance de ses encours de 13% en 2013 (51.700 milliards d’euros). Par ailleurs, la gestion d’actifs affiche une des plus fortes rentabilités sur capitaux propres au sein de l’industrie financière, de l’ordre de 15%.
En effet, le niveau de fonds propres réglementaires requis est faible (gestion pour compte de tiers) et la marge opérationnelle est en passe de retrouver son plus haut niveau d’avant crise (39% vs. 41% en 2007) grâce aux efforts réalisés sur la réduction des coĂťts ces dernières années.
Malgré cette embellie, l’industrie subit de profondes transformations liées à la crise. D’un côté, le régulateur est venu légiférer dans un souci de protection de l’investisseur et de prévention du risque systémique. C’est notamment l’objet de la directive AIFM qui vient compléter la directive UCITS. De l’autre, les investisseurs sont devenus plus exigeants avec une attention plus marquée sur :
- la politique de rémunération des gérants
- la sensibilité aux risques affectant leur couple risque/rentabilité
- la transparence (suivi, compréhension des investissements et des outils utilisés)
Comment dans ce nouvel environnement, les sociétés de gestion ont-elles réussies à prospérer ?
Les stratégies gagnantes de ces dernières années
Certains acteurs ont su profiter de thématiques porteuses comme les actions européennes et américaines ou la baisse des taux ces deux dernières années. Avec la crise, l’environnement macro-économique avait entrainé de très fortes chutes de valorisation qui ont permis à l’approche « value » de réaliser de belles performances. Par ailleurs, après plusieurs années de crise sur la dernière décennie les investisseurs ont été particulièrement sensibles à la stratégie « absolute return ».
L’approche « value »
Elle consiste à investir dans des entreprises sous-valorisées par le marché. Cette sous-valorisation est estimée par l’investisseur en évaluant les fondamentaux de l’entreprise. Le gérant anticipe une réévaluation du titre à sa juste valeur dans un horizon de temps relativement court. La principale difficulté est de distinguer les entreprises dont le cours de bourse est mal orienté parce qu’elles sont en mauvaise santé de celles dont la qualité des actifs est injustement sous cotée par le marché. Pour réaliser cette analyse, il convient de mettre en perspective différents ratios sur des entreprises du même secteur et sur des horizons de temps différents :
- Le Price Earning Ratio (PER) qui est le multiple qui divise la capitalisation boursière par le résultat net
- Les multiples du chiffre d’affaires, d’EBITDA et/ou d’EBIT
- La rentabilité des fonds propres
- Le rendement des dividendes
Au plus fort de la crise, la décote entre les fondamentaux de nombreuses entreprises et leur « juste valeur » était très importante. Lorsque certains risques macro-économiques se sont éloignés, ces titres ont vu cette décote se réduire avec par corolaire de belles opportunités d’investissement.
L’approche « absolute return »
Elle vise à générer une performance positive indépendamment de l’évolution du marché (qu’il soit haussier ou baissier). Contrairement à la grande majorité des fonds d’investissement, le gérant ne cherche pas à surperformer un marché ou un indice mais à générer une performance relative. Si la performance positive n’est jamais garantie, le gérant d’un tel fonds dispose d’une panoplie plus large d’outils d’investissement lui permettant de servir une performance plus régulière indépendamment du cycle de marché.
A titre d’exemple, le « pair trade » est une technique utilisée par les gérants de fonds de performance absolue. Cette technique consiste à prendre deux positions sur deux entreprises d’un même secteur. Un investissement « long » (à l’achat) sur l’entreprise ayant un meilleur potentiel et une position « short » (à la vente) sur celle ayant de moins bonnes perspectives. Ainsi, les gérants cherchent à tirer parti du différentiel de performance entre les deux actions. Même si les deux valorisations se déprécient, le gérant génèrera un gain si la valeur qu’il préfère se déprécie moins que celle dans laquelle il ne croit pas. Le risque systémique de marché est alors en grande partie éliminé.
De nouvelles stratégies pour tenir compte d’un nouvel environnement macro-économique
Toutefois, si la stratégie « absolute return » est très plébiscitée aujourd’hui du fait des crises à répétition, demain, une performance plus régulière des marchés actions peut la rendre moins attractive. De même, l’approche « value », très intéressante en temps de faible croissance ou de crise, pourrait se voir détrôner par l’approche « growth[1] » si l’économie connait une nouvelle phase de croissance. Toutes les stratégies d’investissement s’additionnent et aucune ne peut prétendre surclasser les autres dans le temps. Tout est affaire de contexte (politique, économique ‌) et d’anticipation de la part des gérants.
[1] : L’approche « growth » consiste à repérer les entreprises qui bénéficieront de meilleures perspectives de croissance dans les années futures. Dans les phases de hausse de marché, le positionnement sur ces valeurs doit logiquement permettre de suivre voire d’amplifier la hausse des marchés.
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