Plus de 2 ans après le lancement des premières APIs bancaires par le Crédit Agricole et Axa Banque, il semblerait que le concept commence à percer dans d'autres établissements à travers le monde : deux annonces récentes laissent en effet entrevoir une lueur d'espoir en ce sens, même si leur portée reste encore limitée…
La première d'entre elles nous est venue de Banco Sabadell au début du mois de septembre. Dans le cadre d'un ambitieux hackathon, consacré aux moyens de paiement, à l'internet des objets, à la relation client et aux solutions contextuelles et prédictives, la banque espagnole s'engage à mettre à disposition des participants un accès à ses services bancaires – au sein d'un environnement de test – via des APIs, dont elle laisse entendre qu'elle pourrait (un jour ?) les ouvrir plus largement.
La deuxième initiative importante est à porter à l'actif de la néo-zélandaise ASB et elle concerne cette fois des services de production, utilisables dans des applications opérationnelles dès leur lancement officiel (dans les prochains jours). Cependant, prudence oblige, les fonctions offertes initialement resteront limitées puisqu'elles ne comprennent que des informations publiques telles que les cours des devises, les taux d'intérêts, la localisation des agences et des GABs de la banque…
Il ne s'agit toutefois là que d'une première étape, à travers laquelle ASB veut vraisemblablement découvrir et « apprendre » à manipuler un concept entièrement nouveau pour elle. Elle prévoit déjà d'étendre le périmètre couvert progressivement, y compris pour l'accès à des services privés, touchant le cœur de son métier. La sécurité étant naturellement au centre des préoccupations, les développeurs qui souhaiteront utliser ces APIs devront alors montrer patte blanche et être dûment accrédités.
La vision que porte la banque dans cette démarche d'ouverture est celle d'une ère dans laquelle une multitude d'acteurs interagissent, par l'intermédiaire des technologies : les produits financiers seront intégrés dans toutes sortes d'applications mobiles tandis que la banque adoptera elle-même des services tiers pour enrichir ses propres offres. Et, en perspective, elle se voit comme une composante incontournable du système économique qui se construit et se développe dans le monde numérique émergent.
Pour des entreprises habituées à vivre dans la sécurité et la protection à tout prix, l'ouverture n'est certainement pas un réflexe, comme elle peut l'être chez les géants du web et les startups qui ont démocratisé le principe des APIs. Il n'est donc pas surprenant que le changement soit lent, ce que les deux exemples présentés ici démontrent parfaitement. Leurs approches n'en sont pas moins intéressantes et pourraient constituer des références utiles pour d'autres banques.
Un démarrage en douceur via la mise à disposition de services non critiques – comme le propose ASB – ou la prise de conscience de la valeur que peuvent apporter des APIs dans un exercice de co-innovation – à l'image du hackathon de Sabadell – sont largement à la portée de toutes les institutions financières. Et, une fois ce premier pas franchi, les étapes suivantes seront plus faciles à enchaîner…