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Tempus fugit ? Une ballade sur le chemin perdu…, Cirque Plume, Parc de la Villette (Paris 19)

Publié le 29 septembre 2014 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Un spectacle du Cirque Plume, on oublie parfois à quel point c’est un heureux mélange de prouesses et de poésie. J’avais déjà beaucoup aimé le spectacle précédent, où l’art pictural se mêlait aux arts du cirque formant un résultat visuel d’une grande beauté.

Cette fois ce sont les deux “l” au mot ballade dans le titre du spectacle qui m’ont interpellée. Sur la scène découverte, avant que le spectacle ne commence, un décor étrange fait de bric à brac, où seule une boule de verre, semblable à une énorme ampoule éteinte, se meut infiniment dans un mouvement pendulaire. C’est là le premier indice pour résoudre mon interrogation. Le spectacle propose pour ce 30ème anniversaire du Cirque Plume, d’opposer à la question sur la fuite du temps (“tempus fugit ?”), un poème rythmé et musical qui se réfère à l’espace intangible entre le tic et le tac (c’est ce que désigne le terme d’horlogerie “le chemin perdu”).

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A peine la lumière éteinte et le spectacle commencé, le premier tableau qui inspire les concepts de déplacements étudiés et chorégraphiés, on a la certitude que la musique est partie intégrante du spectacle. Protéiforme, elle illustre au même titre que les numéros présentés une intention poétique, un étonnement enfantin, un émerveillement perdu. Les instruments sont diverses ; des plus classiques jusqu’à ceux qui rappelent le cristal Baschet, de la percussion corporelle en passant par la majestueuse et sonore contrebasse.

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Cette bande-son ingénieuse, aux influences diverses, on la doit à Benoit Schick : pianiste, chanteur, artiste de cirque, qui en impose. A sa suite s’engouffrent d’autres artistes, avec chacun leur brin de folie et de créativité. C’est ainsi que Grégoire Gensse, Alain Mallet ou Brigitte Sepaser, ou Laurent Tellier-Dell’ova, tous acteurs de cirque mais aussi musiciens, apportent leur contribution.

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Ici donc la beauté naît de ces tableaux colorés à la patine si singulière, de la passion des artistes et de la maîtrise parfaite de leurs gestes. Dans un décor d’usine qui n’est pas sans rappeler les origines des frères Kudlak, dont le père a travaillé à l’usine Peugeot. Pour Pierre et Bernard ce sera le chemin du cirque, d’un travail manuel qui convoque rêve et poésie. Pierre est toujours notre narrateur, la voix d’une conscience qui se fraye un chemin dans la contemplation. Accompagné du solide et imprévisible Maxime Pythoud, il sillonne la scène et le spectacle, en le ponctuant de ses réflexions, tandis que Maxime, redouble de performances.

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Mais la force de la compagnie c’est de savoir doser les touches d’inconcevable. Ainsi donc pendant que nous nous disons tout bas “ce n’est pas possible”, nous voyons, un artiste rattraper une plume avec son nez et la porter en équilibre, un musicien perdre le sens de la gravité et s’envoler dans les airs, un clown jouer à la balle avec l’astre du jour.

Parmi les numéros individuels on reste suspendus aux gestes de l’artiste, tandis qu’il joue avec notre perception et notre attention. Ainsi donc dès le début nous sommes entrainés par Diane-Renée, formidable danseuse et accrobate, qui nous enjoint à la suivre au fil de ses pas de flamenco, plus haut dans les hauteurs de son trapèze. Avec grace, elle transforme un simple tissu en jupe ondoyante, dans le mouvement circulaire qu’elle impulse. Nous retenons tout autant notre souffle pendant le numéro magnifique d’équilibriste de Marie-Eve Dicaire, puis suivent ceux de Molly Saudek, funambule et ceux très poétiques de Sandrine Juglair perdue dans des dunes de toile souple, ou du haut de son mât chinois.

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Mais c’est aussi avec humour que nous vivons le spectacle, grâce aux interventions dynamiques de Grégoire et Mick Holsbeke, qui font participer l’assistance et la font rire aux éclats.

Un moment de rêverie, de partage et de communion avec les artistes, qui nous font toucher le beau du regard, nous font sourire et repartir le moral au beau fixe. A ne pas manquer !

A voir :
Tempus fugit ? Une ballade sur le chemin perdu… (1h40)
Jusqu’au 28 décembre 2014
Le cirque plume
Parc de la Villette
75019 Paris

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