Dans ma cabane une platine # 30
Bien loin des kermesses de village et des soirées Nrj 12, des hommes, des femmes oeuvrent et militent au quotidien pour une diffusion plus juste, plus saine, d’une musique sans additif, sans colorants ni conservateurs. Ce sont des artistes, des techniciens, des passionnés. Alors que l’économie du cd est en berne, que de nombreux disquaires ferment boutiques, il reste une poignée de convaincus qui donnent de leur temps pour chanter encore en fa en sol avec talent. En exclusivité pour Euphonies nous les avons rencontrés… Sur place Jean-Philippe Grumbert et Marion Le Penvern.
Jingle
9h00. Quartier de la Madeleine. Sébastien vient de déposer son dernier projet à sa maison d’édition. Il accepte de répondre à quelques questions.
E : Votre musique semble dérouter les 6-15 ans pour son caractère post-élégiaque, mâtinée d’une vision phénoménologique de l’existence. Qu’en pensez-vous ?
S. Schuller : Ah, ah, ah (rires). Je pense surtout que ma musique dans sa forme protoscopique a certes des velléités vintages qui peuvent déranger. Ensuite, il faut quand même revenir à l’essentiel : On a trop bashé sur le gaming synthétique d’une pratique lo-fi qui m’empêche aujourd’hui (mais je ne parle qu’en mon nom) d’épanouir les structures arachnéennes où le fuzz est absent mais où ma volta lysergique retient les reverbs d’un tempo somme toute… allez j’ose être familier, « atavique ».
Nous ne pourrons pas poursuivre plus longtemps l’interview, Sébastien étant poursuivi par une horde de fans de Radiohead lui reprochant de trahir l’esprit initial du combo anglais.
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Pendant ce temps, de l’autre côté de l’atlantique, nous rencontrons les mythiques Interpol, venus soutenir leur dernier album El Pintor. Echanges, partages, désaccords : extraits.
E : Humm… Well, that’s been a long time since. So, Is that… What is… Your four numbered album called El Pintor is a straight way to the soul of Interpol, with many blinks to older works. Are you satisfied ?
I : Well… you know, I ain’t anybody to take about you so fucking good but I had to delay the best of what you deserve because the world is on our knees and the meaning is so pretty fucking good that we had to share our… Wait for it : so awesome tracks that nobody can hear before because the owl is in the kitchen and you got to forgive about the meaning of garbages but what’s going on ? Fuck off.
Comme le met ici clairement en évidence Paul Banks, la création est un accouchement de tous les instants, qui ne peut se comparer aux productions formatées pour le grand public. Il souligne explicitement les déchirements intérieurs, où l’âme de l’artiste lutte contre la Doxa qui chaque jour grignote du terrain. Il parle aussi de chouette dans la cuisine mais là on a pas compris.
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Comment lutter contre la facilité ? Comment défendre sur la longueur cette vision d’une musique exigeante, qui mobilise toujours plus d’énergie et d’endurance chez les artistes ? Nous avons demandé à Arthur H sa recette pour se maintenir en forme, et continuer à livrer des albums toujours plus ambitieux. Réponse exclusive pour Euphonies :
A.H : Rhaa pff bon za c’est comme si t’me dis la danse parce que… (il réfléchit un temps) parce que t’vois, la danse, moi j’aime bien ça la danse, c’beau la danse mais bon pfff… saaareeeeiiiinavoir avec j’sais pas moi, bon si par exemp’ quand t’écoutes Charlie Parker ékilé tard tu pleures t’vois mais tu la danses sauf que bon (il réfléchit à nouveau) naaan mais tu vois, pas pareil, y disait ça l’Miossec hier, qu’on est tous des cons à la… tain’ c’est zuperrr, l’aime bien christophe moi, chic étout, …Bon. (Il marque un temps, puis deux) des cons à l’azsentice…à l’asisiensse, rhaaaa, à l’assisTANce sociale, t’vois quoi ?
E : (nous traduisons) : Il est certain que le statut d’un artiste qui souhaite rester créatif nécessite une excellente hygiène de vie. Sport, alimentation équilibrée, sommeil réparateur.
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Dans ma cabane une platine est aujourd’hui terminée. J’espère que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Le mois prochain, nous tenterons de comprendre comment on peut réussir dans la musique en étant dyslexique, attardé et végétarien (des portraits saisissants d’Orelsan, Maître Gim’s et Tryo).
Andy Wahrol - Cambell's soup - 1968