Comment les médias ont transformé une élection sénatoriale sans enjeu en triomphe électoral pour le FN !

Ce dimanche avaient lieu les élections sénatoriales, et il faut bien le reconnaître, a l'instar de l'immense majorité de mes compatriotes je m'en contrefoutait un peu, tant il est vrai que la chambre haute de notre parlement ne sert à pas grand-chose, si ce n'est à servir de retraite dorée à quelques politicards en fin de cycle.

Pourtant, mon esprit a fini par être éveillé quand je me suis aperçu que les médias dominants arrivaient à faire de ce néant du point de vue de l'intérêt, un nouvel épisode du story-telling de l'ascension sans fin du FN. Il a suffi que deux élus de la PME familiale le péniste franchissent les portes du Palais du Luxembourg. Deux sénateurs FN pour que le landerneau médiatique s'affole et fasse de ce non-évènement une preuve supplémentaire que Mme Le Pen serait aux portes de l'Elysée ; et comme si ce raz de marée d'extrême-droite n'était pas suffisamment clair pour le français moyen (2 élus je le rappelle !), le journal Le Monde est allé nous pondre tout un article démontrant que le FN avait récupéré des voix bien au-delà de ses partisans. Bref, encore des journalistes qui se contentent de commenter ce qu'ils croient voir, et oublient de faire leur métier en allant au-delà des apparences.

Faisons donc ce que peu de journalistes ont fait depuis hier, et encore moins ceux du Monde, c'est à dire quelques rappels sur la spécificité de ce scrutin.

En premier lieu, rappelons qu'il s'agit d'une élection au suffrage indirecte, et que ne votent donc que les grands électeurs issus des élections municipales. Le résultat des élections sénatoriales dépend donc en grande partie des résultats aux municipales. Or, pour le coup, en mars dernier, en s'emparant de 11 mairies et en obtenant de nombreux conseillers municipaux, le FN avait fait une percée importante, à relativiser du fait de l'abstention, mais indéniablement importante. Cette percée se retrouve donc logiquement hier. Les deux élus ne sont donc pas une surprise, ils étaient même attendus.

Petit détail cependant, quand les candidats FN réunissent 4129 suffrages, ceux du Front de gauche en font 5132, et sans compter les quelques départements où ils faisaient liste commune avec le PS. 1 000 voix de plus pourtant restées bien silencieuses !

Oui, mais nous disent les journalistes du Monde, le FN n'avait potentiellement qu'un gros milliers de grands électeurs acquis à sa cause, en réunissant plus 4 fois sa mise de départ, il prouverait donc qu'il y a des passerelles possibles entre la droite et le FN (ce qui n'est pas faux), et laisse donc augurer de lendemains encore plus victorieux pour Mme Le Pen. 

Sauf que ces braves gens du Monde oublient une nouvelle spécificité des sénatoriales. L'immense majorité des grands électeurs, issus donc des municipales de mars dernier, sont des élus ruraux qui se revendiquent sans étiquette. Des Français comme vous et moi, sauf qu'eux sacrifient beaucoup de leur temps pour leurs communes, pas des politiciens de métiers. Quand on nous dit à longueur de temps que plus d'un quart des Français seraient prêts à se jeter dans les bras de la blonde de Saint-Cloud, comment voulez-vous que ceux qui les représentent au plus prés, les élus de terrain ne soient pas à leur image ?

En toute logique donc, le score des candidats FN aurait dû être bien plus important, or au niveau national, il ne dépasse pas les 5 à 6 %, avec des résultats proche du témoignage dans certains départements ruraux.

Bref, le FN n'effectue aucune percée, il est même contenu. Il a eu deux élus qui serviront à rien, parce qu'ils sont sénateurs et parce qu'ils sont d'extrême-droite. C'est tout !