Cet été là de Jillian Tamaki et Mariko Tamaki 4/5 (20-07-2014)
Cet été là (318 pages) est sorti le 14 mai 2014 aux Editions Rue de Sèvres.
L’histoire (éditeur) :
Rose et Windy se connaissent depuis l’enfance. Elles se retrouvent chaque été au lac Awago où leurs familles louent des cottages. Cet été là, elles ont 13 ans et 11 ans et demi, passent leurs journées à se baigner, à faire des barbecues en famille et regardent des films d’horreur en cachette. Mais surtout, elles partagent les mille questions de l’entrée dans l’adolescence. Une étroite différence d’âge, suffisante à cet étape charnière pour que leurs préoccupations diffèrent : Rose suit avec beaucoup d’intérêt les démêlés d’un groupe d’ados plus âgés, Windy aime encore jouer. Chacune d’elle se débat en parallèle avec ses problématiques familiales. Une plongée toujours fine et juste dans l’adolescence.
Mon avis :
Rose passe avec ses parents tous ses étés dans un cottage à Awago Beach depuis qu’elle a cinq ans. Elle y retrouve Windy (d’un an et demi plus jeune qu’elle), son amie de vacances avec qui les journées ses déroulent entre plage et films d’horreur loués en cachette de leurs mères respectives à la superette du coin. Cet été là elle a 13 ans. C’est le début de l’adolescence, des questions et des préoccupations qui en sont liées, surtout que cet été là elles suivent avec intérêt les histoires de cœur et de fesses des ado du coin réveillant encore plus d’interrogations chez Rose. Cet été là c’est aussi celui des bouleversements familiaux, avec des secrets qui devront tôt ou tard être révélés.
Cet été là est un grosses BD, un roman graphique de près de 320 pages qui ressemblent plus à un journal, très subjectif (principalement tourné vers Rose) qu’à un récit pictural externe racontant simplement et joliment les vacances d’été de deux gamines. Ces enfants en pleine préadolescence annoncent un changement dans la routine estivale installée depuis des années.
Je n’ai pas dévoré ce livre, mais plutôt savouré très doucement, à un rythme de vacances, de croisière même. J’ai par ailleurs aimé toute la justesse qui s’en dégage. Les non-dits et le basculement (tout en doucement et aussi parfois violemment) vers l’âge adulte offrent une tension dramatique palpable tout en opposition avec ces lieux de vacances, d’innocence et de routine.
Cet été là est un titre intimiste, un one-shot qui donnera envie de voir une suite, de retrouver Rose et Windy l’été suivant et découvrir ce qu’elles sont devenues, connaître leur évolution et aussi repasser un nouvel été en leur compagnie.
Entre nostalgie et bouleversements, Cet été là est une bande dessinée qui m’a surprise tant dans son contenu graphique que par sa trame narrative. Les dessins de Jillian Tamaki sont réalistes, figuratifs et aussi chargés de poésie. Les sons sont omniprésents, complétant des vignettes déjà très claires et parlantes.
Certaines réalités d’adultes (dures et graves) détonnent avec l’innocence du début (le voyage, les retrouvailles et les premières baignades), et dénotent la fin de l’enfance sans tomber dans l’exagération et le grotesque. Les vignettes en noir et blanc (contrairement à l’édition originale qui tire sur le violine) sont de taille différentes. Elles présentent des personnages qui ne sont pas spécialement beaux, juste natures et simples, et c’est très appréciable.
En bref : cet été là est un album peut être un peu long (je n’ai en tout cas pas pour habitude de me plonger dans des BD de cette ampleur) mais qui est très agréable à lire et à regarder en fractionnant. Son atmosphère empreinte de langueur est aussi plaisante qu’envoutante.
Merci aux Editions Rue de Sèvres pour leurs choix de parutions (en petit nombre) toujours judicieux et jamais décevants. Je me régale de leurs romans graphiques et prends de plus en plus de plaisir à découvrir de nouveaux auteurs et illustrateurs.