A l'écoute du disque... patatra... C'est l'inverse qui se produit. On est marqué par la cohérence et l'intérêt des oeuvres sélectionnées, et franchement déçu par la performance des "reines rivales". Si certaines arias sont annoncées comme inédites au disque (ex : le superbe "Padre amoroso" de Carlo Francesco Pollarolo (tiré de l'oratorio Lucio Papirio Dittatore), que l'on a pourtant l'impression d'avoir déjà écouté...), on est en territoire relativement connu, tant au niveau des trames mélodiques que de celui du style.
On a alors la "confrontation" de deux styles assez différents, finalement tout aussi désagréables l'un que l'autre : 1. le vibrato un peu assommant d'une voix par trop travaillée de Vivica Genaux (qui n'était pas comme cela avant), comme s'il y avait une sorte de mimétisme par rapport à Cecilia Bartoli - 2. la rigidité et les limites techniques probantes de Simone Kermes.
Sur des airs comme le "Tu voi ch'io viva o cara" de JA Hasse (tiré de l'oratorio Artaserse), le duo sauve tout de même la mise avec des timbres assez complémentaires et une bonne tenue de la ligne, notamment grâce à celle de l'orchestre qui cadre assez bien le déroulement de l'aria. De même, à peu près, sur le "Padre amoroso" de Carlo Francesco Pollarolo interprété par Vivica Genaux (quelques trémolos de moins auraient été appréciés).
Sur les arias virtuoses, ce n'est pas tout à fait la même donne. On souffre pour Simone Kermes dans son interprétation du diabolique "Nobil onda" de Porpora (dans la même veine que l'Agitata da due venti du Griselda d'Antonio Vivaldi). Elle est toujours à la limite et les vocalises trahissent un manque indéniable de vélocité. Vivica Genaux se montre beaucoup plus à l'aise avec une technique tout à fait maîtrisée, mais au détriment d'un supplément d'âme (ex : l'"Impallidisce in campo" de JA Hasse).
Une chose est certaine : aucune de ces deux interprètes ne réussit à nous émouvoir ou nous projeter dans cette sorte de folie, de vent de liberté comme la musique de cette époque, à la frontière du baroque et du classique, pourrait nous y inviter.
C'est tout de même navrant de considérer que le "système" projette sur le devant de la scène des chanteuse certes d'un niveau artistique et technique indéniablement élevé, mais qui interprètent les oeuvres d'une façon aussi désincarnée par rapport à leurs ainés.
Pas vraiment un coup de coeur...
Rival Queens - Vivica Ganaux (mezzo-soprano) - Simone Kermes (soprano) - la Cappella Gabetta, Direction d'Andres Gabetta - label Sony Classical.