Hélène Gestern m’avait déjà transportée dans son roman "Eux sur la photo". Sa capacité à nous faire revivre le passé grâce à une photo et à y mêler suspens et sentiments démontre bien son talent d’écrivain.
Lorsque j’ai lu le résumé de ce roman sorti en Septembre et vu que le thème tournait encore autour d’une photo mais dans un tout autre contexte, je n’ai pas hésité une seule seconde à l’acheter.
Dans ce roman, Hélène Gestern nous parle de l’impact que peut avoir une photo prise au dépourvu sur la vie privée et professionnelle des protagonistes. Olivier et Héloïse se trouvaient dans le métro pour aller déjeuner ensemble lorsque l’explosion d’une bombe les plongent dans le chaos et la terreur. Les cris, l’obscurité, la vie s’arrête pendant plusieures minutes. Olivier tente de sauver Héloïse et à leur arrivée à l’extérieur, alors qu’Héloïse est inconsciente dans les bras d’Olivier et que celui-ci ne cherche qu’une chose, du secours, un photographe leur vole ce moment de faiblesse et va, par cette photo, faire exploser une deuxième bombe dans leur vie; plus insidieuse et perverse, traumatisante et portant atteinte à leur dignité.
Après avoir réparé les blessures corporelles, Olivier et Héloïse vont devoir affronter les blessures que va leur apporter le quotidien à travers les regards, les sous-entendus et les jugements portés par leurs entourages.
Le droit à l’image est une chose mais qu’elle porte atteinte à la dignité de l’être humain en est une autre. Ce livre expose merveilleusement bien le ressenti de ces deux êtres, pris au dépourvu, montrés via les médias dans leur plus grande fragilité et leur façon de le gérer au quotidien. Le poids des regards, la honte qu’on leur ai volé cet instant pourtant si intime et la honte vis à vis de leurs conjoints, familles et collègues.
Mais s’en suit une belle lutte pour tenter de se faire entendre et réclamer justice. Une lutte face aux plus grands qui nous force à nous pencher sur toutes ces photos prises dans de tels moments d’horreur, sur toutes ces personnes immortalisées sur ces clichés qui n’ont en rien demandé à être prises en photo. Certes, c’est grâce à de telles photos que l’information se diffuse, choque et permets à la population de constater les dégâts des guerres, attentats ou toutes autres catastrophes. Mais en y réfléchissant, personne ne pense à ces gens sur les photos et à l’impact dans leur vie que vont avoir ces dernières.
Hélène Gestern nous parle du viol de l’intimité de ces deux protagonistes et de ce que le droit à l’image provoque parfois autour de lui.
Un roman à lire et qui fait réfléchir.
Bonne lecture