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Vous souvenez-vous que dans ma publie sur "Bruncvík", je vous avais parlé du fameux lion de Bohême à 2 queues? Quoi non? Vous ne vous en souvenez plus? Bon, alors pour ceux qui auraient oublié, je vous rappelle que dans ma publie sur "Bruncvík", je vous avais parlé du fameux lion de Bohême à 2 queues (maintenant c'est clair pour tout le monde). Eh ben il est tout plein de lecteurs qui, les jours suivants, m'ont écrit pour me demander quelle est l'origine vraie de vraie du lion à 2 queues, et pourquoi qu'il est semblab' à celui du Luxembourg? Ci-joint donc une rapide bafouille afin de lever le voile du doute, parce qu'apparemment mon histoire dedans ma publie sur "Bruncvík" n'était pas convaincante. Alors avant le lion, le premier vrai symbole de la Bohême c'était l'aigle noir des "Přemyslides", et plus particulièrement l'aigle flamboyante de St Venceslas: "(blason) d’argent à l’aigle de sable, membrée, becquée, languée (et couillue?) et flamboyante de gueules, couronnée d’or, qui est de Bohême". Vous aurez noté, outre que vous ne comprenez rien à la description détaillée et sur laquelle je reviendrai plus loin dans ma publie, que l'aigle en héraldique est féminine? C'est à cause des Romains (comme dirait Obélix). L'aigle se dit "aquila" en Latin, et elle est du genre féminin. Depuis, c'est restée (é euh) en héraldique. Bon, mais le lion? Le premier lion, mais c'est pas le bon, remonte à 1158 selon la Chronique de Dalimil, lorsque le prince "Vladislav II" est couronné prince de Bohême par l'empereur Frédéric Barberousse (cf. la Chronique de Dalimil, "Nad to ciesař knězi ščít změni, a také jemu úřad v dvořě proměni. Tehdy za orla černého, da jemu o jednom ocasě lva bielého. [...] Ciesař Vratislava prvým králem korunova, a králem českým a polským sám jeho provola."). Alors c'est pas le bon, d'abord parce qu'il s'agit d'un lion à une seule queue, et ensuite c'est pas vraiment officiel, parce qu'on retrouve encore fin XIIe siècle des pièces frappées de l'aigle comme du lion mais sans réelle symbolique héraldique étatique véridique. Le second lion remonte à 1213, lorsqu'il se retrouve sur le sceau du margrave de Moravie "Vladislav Jindřich". Cette fois il est vraiment question d'un lion à queue double (fourchée selon les propres termes héraldiques), mais comme il s'agit de la Moravie et non de la Bohême, il n'est pas exclu qu'on se parle d'un autre lion utilisé dans un autre contexte, voire dans un autre espace-temps selon Fox Mulder. Le troisième lion remonte vers le début du XIIIe siècle. "Otton IV" aurait refourgué une queue de lion de plus au roi "Otakar Ier" pour son soutien contre le concurrent au poste d'empereur "Philippe de Souabe" (cf. la Chronique de Dalimil, "Na biřmování knězi ciesař rúchu vzváza, a Ottakar, točíš Ottě míl, jemu řiekati káza. Druhým ocasem obdaři lva bielého, Budyšínem a Zhořělcem rozšíři zemi jeho."). A nouveau, les experts sont perplexes, et doutent des écrits de Dalimil du fait qu'Otakar n'eut jamais utilisé le lion comme emblème (mais la mangouste de Cuba... en négligé de soie... c'est la ouate).Et enfin le quatrième lion, et cette fois c'est le bon, attesté par les experts, avec la double queue, la couleur qui va bien, les majorettes et le feu d'artifice, donc ce lion-là date de 1247. Il date de l'époque où "Otakar II" petit était margrave de Moravie, et il l'aurait emmené avec son ours en plüsch sur le trône de Bohême, une fois devenu grand. Alors j'entends déjà les qui suivent, me faire effrontément remarquer que c'est tout pareil comme d'avec "Vladislav Jindřich", alors pourquoi cette fois-ci oui, alors qu'avant nan? Ben parce que c'est comme ça. La vraie raison, c'est que "Vladislav Jindřich" était duc de Bohême élu, tandis que "Přemysl Otakar II" était roi (et non duc) héréditaire (et non élu). Eh oui, entre temps, la bulle d'or de Cécile était entrée en application. Alors j'entends toujours les effrontés qui suivent, me faire remarquer que c'est pas vraiment convaincant, comme explication. Ah ouais? Bon, une autre explication, plus sérieuse selon les experts, c'est que la queue fourchue du lion serait le symbole de la double régence d'avec son papa "Václav I", puisque jusqu'à sa mort (du papa) en 1253, Otakar et Venceslas ("Václav") régnaient ensemb' afin d'éviter à l'un de faire des conneries sans l'autre. C'est mieux? "Vladislav Jindřich" ne régnait pas avec son papa, donc c'est forcément "Přemysl Otakar II" qui aurait imposé le super lion (à 2 queues) comme armoirie du pays. Et cette fois va falloir que ça le fasse, parce que je n'ai rien d'autre comme explication. Puis comme c'est la version officielle, hein, on ne va pas la remettre en question non plus. Mais attends, qu'ils me diront les qui suivent mon histoire. Si l'ex-lion de Moravie est devenu le blason de la Bohême, c'est quoi qui est devenu le blason de la Moravie alors? Z'allez rire, mais c'est l'ex-aigle de Bohême. Bon, en moins bien, parce que les Moraves sont allés lui coller un pyjama à damier rouge et blanc que même les Kligons de Kronos se fendent encore la gueule depuis 23 millions d'années, mais sinon véridique, les Moraves ont récupéré l'aigle lorsque "Otakar II" leur a chouravé le lion. Si vous insistez abondamment, après cette publie, je vous en ferai une aut' bien complète sur l'aigle de Moravie. Oh oui! Mais retour au lion. Donc depuis 1247, le blason de gueules au lion d'argent à la queue fourchée et passée en sautoir, couronné, armé et lampassé d'or représente la Bohême, et par extension d'avec la Moravie et la Silésie, il représente le blason de la République tchèque d'aujourd'hui. Eh oui! Et pour ceux qui ne parle pas l'héraldique couramment, un petit lexique: - Le gueules est un émail héraldique de couleur rouge, considéré comme un singulier malgré le "s", au même titre que le sable (singulier mais noir, cf. l'aigle flamboyante de sable), l'azur (bleu, et singulier) ou le sinople (vert et singulier aussi encore). - La queue passée en sautoir, signifie en forme de croix de St-André, la queue, croisée bizarre comme une envie de pisser, genre. - Le lion couronné (court au nez aussi), bon j'explique pas. On devrait rajouter couronné d'or, vu que la couronne est d'un émail différent. - Le lion armée, la couleur des griffes est différente de la couleur du corps. Sinon on dit "morné" (mort-né?) pour un lion sans griffes, ni langue, ni dents (ni queue?). - Pour un piaf (comme l'aigle flamboyante), on dit membré lorsque les pattes sont d'un autre émail que le corps. - Pareillement, on dit becqué lorsque le bec est d'un autre émail (mais pour les piafs seulement, hein). - Le lion lampassé, qualifie la langue des animaux, lorsqu’elle sort de leur gueule et que l’émail en est différent de celui du corps. Les néophytes disent langué, mais lampassé, c'est 'achement mieux pour en mettre plein la vue aux béotiens ignares. - L'on devrait rajouter que le lion est rampant (sur les 2 pattes arrières), car il pourrait être passant (sur les 4 pattes), issant (et non pissant, issant = moitié de corps)... - Et l'on devrait encore rajouter que le lion n'est pas éviré (sans biroute apparente, c'est hyper honteux comme emblème), mais comme il n'est pas vilené non plus (la biroute est de couleur différente de celle du corps), alors on ne dit rien. Alors l'histoire du lion de Limbourg, vous pouvez la lire sur Wikipédia, donc je ne vous en parle pas. Il est cependant important de noter, de un, que le lion du Luxembourg est une évolution du lion du Limbourg, et de deux, que les 2 lions, celui de Bohême et celui du Limbourg/Luxembourg, se sont développés de façon totalement autonome, sans que l'un n'influence l'aut'. Et j'en veux pour preuve les armoiries de Jean l'aveugle, premier roi de Bohême de la lignée des "Luxembourg", dont le blason comporte les 2 précédents: "écartelé en 1 et 4 de gueules, au lion d'argent..." pour la Bohême, et "en 2 et 3 burelé d'argent et d'azur de dix pièces, au lion de gueules..." pour le Luxembourg. Bon, et maintenant que vous savez tout, répondez aux questions suivantes, de façon organisée et synthétique (5 points): - décrivez les armoiries du lion qui est de Bohême, avec toutes ses caractéristiques et- spécifiez les différences d'avec le lion du Limbourg. Vous appuierez votre développement sur les textes étudiés pendant l’année sur le blog d'à Strogoff, ainsi que sur vos lectures personnelles (15 points). Hop, j'attends...