Z Nation est une nouvelle série diffusée depuis le début septembre sur les ondes de SyFy aux États-Unis et Space au Canada. L’action se déroule trois ans dans le futur (donc plus ou moins 2017) alors qu’un étrange virus a infecté une grande majorité d’Américains qui sont désormais des zombies qui n’ont pour but que d’infecter le restant d’êtres humains sur terre. Malgré l’incapacité des autorités médicales à trouver un vaccin, il reste tout de même Murphy (Keith Allan) qui semble immunisé contre les morsures de ses ennemis. Des survivants établis à New York décident donc de le prendre en charge et de faire la route avec lui jusqu’à Los Angeles, où se trouve le dernier laboratoire fonctionnel des États-Unis spécialisé en recherches virales. Cette série de science-fiction qui ouvre le bal 2014-15 atteint un rare degré d’imbécilité. Alors qu’on cherche toujours à savoir où s’en va le scénario (s’il y en a un), tout n’est prétexte qu’à explosions de crânes et autres actes de violence superficiels. Le groupe de protagonistes qui doit faire son bout de chemin ensemble n’a aucune cohésion et quant au jeu des acteurs, on grince des dents en pensant au salaire qu’ils touchent pour un travail si minimal.
Un simple prétexte
Le moins que l’on puisse dire avec Z Nation, est qu’on entre rapidement dans le vif du sujet. On apprend par un extrait d’une émission de radio que le président des États-Unis a été assassiné et que le chaos le plus total règne sur la terre de l’oncle Sam. C’est que tout d’un coup a émergé un virus qui a rendu une grande partie de la population zombie. Une sorte de guerre civile s’ensuit dont les fondements sont assez simples. En bons zombies, ceux-ci n’existent que pour mordre de la chair fraiche et les humains se défendent en les tuant. Des scientifiques essaient à la hâte de trouver un virus, mais faillissent à leur tâche… ou presque. C’est qu’un seul être humain, Murphy, a survécu aux huit morsures infligées par les monstres. Il est escorté par le militaire Hammond (Harold Perrineau) qui doit le mener jusqu’à Los Angeles. Il est aidé dans ses déplacements par le « citoyen Z » (DJ Qualls), un pirate informatique qui grâce à des caméras de surveillance les protègent d’éventuelles attaques zombies. Les deux hommes croisent une bande de gens qui décident de se faire justice, c’est-à-dire de tuer les indésirables qui se trouvent sur leur chemin.
La prémisse des trois premiers épisodes est fort simple. Dans le premier, ils cherchent à sortir de New York et sont l’objet de diverses attaques, même d’un beau bébé blond qui tout d’un coup se transforme en une affreuse bête sanguinaire. Dans le second, l’un de leurs véhicules tombe en panne d’essence et ils doivent faire le plein aux abords d’une mystérieuse raffinerie peuplée… évidemment de zombies. Ceux-ci, pour des raisons que l’on ignore, se déplacent à la queue leu leu pour aller se jeter dans le réservoir principal. Dans le troisième épisode, le groupe, à la recherche de nourriture, fait escale dans un quartier mal famé de Philadelphie. Ironie du sort, l’un d’entre eux est kidnappé… par des cannibales.
En gros, Z Nation n’est qu’un prétexte aux maquillages et aux tueries. Le nombre de morts est incalculable, quoiqu’un des protagonistes, répondant au nom insignifiant de 10K (Nat Zang), n’a d’autres fonctions dans le scénario que de compter les zombies qu’il tue. Les coups de feu sont tels que l’on en vient à se demander si la série n’est pas commanditée par la NRA. L’une des protagonistes a même un outil de prédilection pour tuer ses assaillants : une massue cloutée. Mais outre ces meurtres, on se rend vite compte que la production ne nous offre pas grand-chose d’autre. Comme l’écrit David Wiegand dans sa critique : « But the thing about any level of gore in film and TV is that it reaches the excessive level very quickly. That means you have to have something else in your product to hold viewer attention, and "Z Nation" doesn’t. »
En effet, le scénario quant à lui est très limité : les protagonistes doivent se rendre du point A au point B et pour citer l’un d’eux : « Go west’till you hit the ocean ». Cette série est un peu similaire à Revolution dans laquelle il n’y avait plus d’électricité, ni d’internet sur terre avec ses héros qui devaient effectuer un loooooong périple. Mais la défunte série de NBC fait figure de chef-d’œuvre comparé à celle de SyFy. Outre une narration quasiment absente, notons des dialogues pour le moins inégaux en passant par la très sérieuse affirmation :« He might be the last best chance to save humanity » aux plus puériles comme : « It’s time to kick some zombie’s ass », « Man, you’ve got a finger in your hair ».
Pêle-mêle
Dans Revolution, les membres d’une famille tentaient de se retrouver après avoir été éloignés les uns des autres pour des raisons politiques. Dans Z Nation, les protagonistes n’ont aucune espèce de complicité et on se demande encore ce qu’ils font ensemble et surtout qui ils sont vraiment. Leur personnalité est extrêmement simpliste : Charles (Tom Everett Scott) et Roberta (Kelita Smith) sont des membres de la garde nationale, tandis que Mack et Andy (Michael Welch et Anastasia Baranova) sont deux adolescents qui les suivent seulement parce qu’ils ont envie de tuer des zombies. Et outre Murphy dont on a déjà parlé, reste Doc (Russell Hodgkinson), qui n’a rien d’un docteur, mais qui vend tout de même des médicaments acquis sur le marché noir. En bref, ils n’ont aucune personnalité et sont si sales qu’ils ont tous l’air de clodos intoxiqués qui tuent tels des chiens ceux qui étaient auparavant leurs congénères, et ce, sans scrupules.
On a prévu 13 épisodes pour Z Nation et le plus déplorable est que la série pourrait bien décrocher une seconde saison. C’est que la première diffusion a attiré environ 1 580 000 téléspectateurs alors que pour la seconde, ils étaient 1 620 000. Quand on pense que des bijoux comme Rectify, par exemple, peinent à rejoindre 20 000 personnes devant leur écran, on est rapidement découragé. Certes, le contenu ne s’adresse pas du tout au même type d’auditoire, mais le problème avec Z Nation, c’est qu’il n’y a tout simplement pas de contenu. Mystère, mystère.