Education thérapeutique du patient

Publié le 27 septembre 2014 par Claire Roques @GUIDEIDE

EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT

LA DÉMARCHE ÉDUCATIVE

QU’EST-CE QUE C’EST ?

  • L’éducation thérapeutique s’adresse aux patients en particulier ceux atteints de maladies chroniques.
  • Cet état oblige les patients à gérer leur traitement temporairement ou définitivement.
  • L’éducation thérapeutique FAIT PARTIE DE LEUR PRISE EN CHARGE PAR LES SOIGNANTS et fait partie intégrante des soins infirmiers.

DÉFINITION

L’éducation thérapeutique permet au patient d’acquérir et de conserver les capacités et compétences qui les aident à vivre de manière optimale avec leur maladie.

RAPPEL ÉPIDÉMIOLOGIQUE

En 2020 les maladies chroniques représenteront la première cause de mortalité et d’incapacité dans le monde.

Avancées sur les maladies chroniques :

  • La connaissance des mécanismes physiopathologiques
  • Des avancées thérapeutiques majeures
  • Une meilleure surveillance individuelle et médicale

Toutes ces avancées permettent aux patients de vivre plus longtemps avec des traitements lourds mais compatibles avec une vie sociale.

Malgré ces avancées :

  • D’après un rapport de l’OMS, 30 à 70 % des patients ne suivent pas régulièrement les recommandations médicales.
  • Les raisons de cette défection :
    • Le manque d’information
    • Le manque d’organisation autour de l’éducation thérapeutique

L’organisation de l’éducation thérapeutique est devenue aujourd’hui une nécessité du fait de :

    • L’accroissement du nombre des malades chroniques.
    • La mauvaise observance fréquente des prescriptions, qui diminue l’efficience de la prise en charge thérapeutique et qui fait courir le risque de complications liées au traitement lui-même.
    • L’évolution des attitudes et comportements des patients vis-à-vis de la santé et des professionnels de santé :
          • Difficultés face à une diffusion incontrôlée des connaissances médicales
          • Demande d’informations et de participation aux décisions médicales le concernant
          • Acquisition de droits (droits des patients ou droits des usagers)
          • Emergence d’une « citoyenneté de santé »

BUT DE L’EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT

Le but de l’éducation est de former les patients :

    • A l’auto soins
    • A l’adaptation du traitement à leur propre maladie chronique

Elles s’appuient sur le vécu et l’expérience antérieure du patient et font partie d’un ensemble plus large de compétences psychosociales.

COTÉ PATIENTS

Leur prise en charge nécessite :

    • Que le patient devienne un partenaire des soignants
    • Qu’il soit formé à la gestion de leur maladie

Compétences du patient :

  • Compétences d’auto-observation, d’auto-vigilance : il doit savoir distinguer sur lui les signes d’alerte et les décrire (hypoglycémie, lésions cutanées, etc…) pour devenir un patient sentinelle (qui surveille sont propre corps).
  • Compétences d’auto soins : réaliser une injection, planifier un traitement sur la journée. Ces compétences se réalisent autour d’atelier pratiques afin d’assurer un entrainement et une levée des peurs.
  • Compétences sociales :
    • Permet au patient de vivre dans une communauté et de former son entourage à le suppléer en cas d’incident.
    • Défense de ses droits et parfois un engagement associatif.
  • Compétences de raisonnement et de décisions :
    • Il faut s’appuyer sur un entrainement au raisonnement individualisé.
    • Prendre en compte l’expérience du patient pour optimiser ses propres procédures.

COTÉ SOIGNANTS

  • Missions :
    • Etre formateur en santé
    • Aider à suivre leurs traitements
    • Aide à l’aménagement des conditions de vie pour acquérir des compétences en santé
  • Compétences attendues des professionnels de l’éducation :
    • Développer une capacité d’adaptation de leur comportement en fonction de la maladie dont est atteint le patient, vis-à-vis de chaque patient individuellement,  de sa famille et de ses proches, et également de leur action en fonction de celle des autres professionnels ou équipe avec lesquels ils travaillent ;
    • Ecouter les patients ;
    • Identifier les besoins et les objectifs des patients en prenant en considération l’état émotionnel de ses derniers, leur vécu et les représentations de la maladie et de son traitement ;
    • Aider les patients à apprendre à gérer leur traitement et à utiliser les ressources sanitaires, sociales et économiques disponibles ;
    • Conseiller les patients quand à la reconnaissance et à la prise en compte des facteurs qui interférent avec la gestion normale de leur maladie.

EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT

Il peut revêtir plusieurs formes :

  • L’information : informations courtes, exactes, précises, non anxiogènes
    • De l’enseignement informel : explications aux cours des soins utiles et applicables immédiatement
    • De l’enseignement formel : nécessaire pour le patient et son entourage avant le retour à son domicile.
  • La démarche est construite sur des choix éthiques et déontologiques qui affirment les droits du patient :∗  A une prise en charge et à une protection de son état de santé∗  A l’information et la dignité

    ∗  A des soins de qualité.

L’éducation thérapeutique du patient doit être fondée sur des valeurs :

  • Responsabilité (partage de la responsabilité thérapeutique soignant/soigné).
  • Respect, autonomie, équité, accessibilité, sur des critères de qualité (OMS) et sur la clarification des différents corpus théoriques et des champs de savoir.

Certaines limites doivent être identifiées :

  • L’éducation du patient est indissociable des pratiques de soin ;
  • il est fondamental que soit respectée la liberté individuelle ;
  • il importe de veiller aux problèmes d’accessibilité : accès aux soins, accès aux savoirs, ainsi qu’à l’articulation entre dépistage et éducation (malade qui s’ignorerait).
  • Il faut s’assurer de l’efficacité des traitements recommandés et de leur validation, avant de les inclure dans une démarche d’éducation thérapeutique ;
  • Des bénéfices doivent être attendus en termes de résultats directs : modification des savoirs et des comportements, amélioration de la santé, amélioration de la qualité de vie du patient et en termes de conséquences économiques (diminution des coûts pour le patient, amélioration du rapport cout efficacité des dépenses de santé).

A quel stade de la maladie peut-on envisager une offre d’éducation thérapeutique ?

  • L’éducation thérapeutique du patient peut être proposée dès l’annonce du diagnostic de la maladie chronique ou à tout autre moment de la maladie.
  • Différents types d’offres d’éducation thérapeutique du patient peuvent être proposés au patient selon le stade :∗  Une offre d’éducation thérapeutique « initiale »∗  Une offre d’éducation thérapeutique « de suivi régulier » (ou de « renforcement »)

    ∗  Une offre d’éducation thérapeutique « de suivi approfondi » (ou « de reprise »)

Comment procéder

PREMIÈRE ETAPE : Le diagnostic éducatif

Élaborer un diagnostic éducatif : le diagnostic est indispensable à la connaissance du patient, à l’identification de ses besoins et attentes et à la formulation avec lui des compétences à acquérir ou à mobiliser.

  1. Identification des facteurs pouvant influencer l’apprentissagea)  

          a)  Chez le patient

  • La motivation
  • L’acceptation de la maladie
  • Education, savoir, expérience
  • Attitude de l’entourage
  • Nature des changements à assumer
  • Anxiété, espoir
  • Age, état de santé, fatigue
  • Valeurs concernant la santé, la maladie, l’homme, ses droits… 

    b)  Chez le soignant

  • La motivation
  • Formation, savoir, expérience
  • Attitude de l’entourage
  • Maitrise du rôle soignant et éducatif
  • Consensus d’équipe
  • Exemples
  • Ethique, respect des droits de l’homme
  • Conception des soins infirmiers
  • Valeurs concernant la santé, la maladie)  

         c)  Dans l’environnement hospitalier

  • Milieu hospitalier générateur d’inquiétude
  • Moyens à disposition pour l’enseignement
  • Encouragement institutionnel
  • Courte durée moyenne de séjour
  • Différence de situation entre le séjour hospitalier et le domicile, etc…

2.  Identification des besoins d’apprentissage

Après analyse de l’ensemble des facteurs de l’étape précédente, une question se pose :

    • Qui est le patient et quel est son BESOIN d’apprentissage ?
    • Quels sont les domaines du savoir ?
    • Quels sont les domaines du savoir faire ?
    • Quels sont les domaines du savoir être ?

Exemple d’un patient diabétique :

Savoir 

    • Ce qu’est le diabète ?
    • Ses symptômes et complications
    • Les moyens de les éviter
    • Les moyens de traitement : alimentation, insuline, équilibre entre activité, insuline et alimentation

Savoir faire

  • Les contrôles sanguins (dextro)
  • Le choix de son alimentation
  • Les injections d’insuline
  • Savoir adapter les doses d’insuline et l’alimentation à l’activité

Savoir être ou savoir vivre avec sa maladie

  • En parler (entourage familial et professionnel, suivi psychologique)
  • Incorporer les contraintes de la vie quotidienne
  • Chercher de l’aide quand c’est nécessaire
  • Se protéger des risques et des complications

3.  Poser un diagnostic infirmier d’apprentissage

Les principaux diagnostics infirmiers :

Liés à des difficultés de la personne

      • Altération de la communication verbale
      • Altération de la perception sensorielle (préciser) : auditive, gustative, kinesthésique (besoin de faire pour apprendre), olfactive, tactile, visuelle
      • Altération des opérations de la pensée
      • Anxiété

Liés aux besoins d’apprentissage

    • Incapacité de s’adapter à un changement dans l’état de santé
    • Prise en charge inefficace du programme thérapeutique
    • Non observance (préciser)
    • Recherche d’un meilleur niveau de santé (préciser les comportements).
    • Difficulté à se maintenir en santé
    • Manque de connaissances (préciser)

DEUXIÈME ETAPE : Programme personnalisé

  1. Définir un programme personnalisé

Définir un programme personnalisé d’éducation thérapeutique du patient. Il s’agit de formuler avec le patient les compétences à acquérir ou à mobiliser au regard de son projet.

        2.  Elaboration des objectifs d’apprentissage

C’est définir ce qu’il faut que le patient soit capable d’accomplir à la fin de la période d’enseignement et d’apprentissage, qu’il n’était pas capable d’accomplir avant (résultat recherché).

Quatre éléments qui doivent être incluent dans l’objectif :

  • L’identification de l’apprenant, ex : Mr D diabétique
  • La description de l’activité par laquelle l’apprenant peut démontrer les compétences qu’il a acquises, ex : effectuera trois examens de dextro avant son départ.
  • Les conditions dans lesquelles l’apprenant peut démontrer les compétences qu’il a acquises (en mentionnant les restrictions s’il y en a), ex : en présence de l’infirmière.
  • Le niveau de performance exigé, ex : sans aucune erreur

Objectifs plus généraux, exemple :

  • Améliorer les connaissances du patient sur la pathologie et son traitement, les effets d’un oubli de la prise du traitement.
  • Améliorer les compétences gestuelles du patient (prise des sprays, lavage du nez du nourrisson).

3.  Organisation du contenu de l’enseignement

Quoi ?

C’est la construction d’un plan d’enseignement avec : Le choix du contenu doit recouvrir ce qui permet d’atteindre l’objectif, il tient compte de ce que le patient sait déjà.

Comment ?

Le choix des moyens pédagogiques (cf. document) doit permettre d’atteindre facilement les objectifs fixés.

La stratégie d’enseignement a plus de chance d’aboutir si :

    • Elle correspondant au niveau d’objectif
    • Elle est maitrisable par le client et par l’infirmière
    • Elle est acceptée par le client est un bénéfice pour lui
    • Elle est aisément disponible et en accord avec la conception de soins de l’établissement

Qui ? quand ? ou ?

    • Qui peut les enseigner ? (matériel, personnes)
    • Quand ? ou ? le choix du moment (calendrier, durée…)

TROISIÈME ETAPE : Mise en œuvre

  • Planifier et mettre en œuvre les séances d’éducation thérapeutique du patient collective et ou individuelle.
  • L’objectif est de proposer, selon les besoins et préférences du patient, une planification des séances d’éducation thérapeutique du patient.
  • Cette phase passe par une sélection des contenus des séances, des méthodes et des techniques d’apprentissage.

QUATRIÈME ETAPE : Évaluation

Réaliser une évaluation individuelle :

  • Elle permet de faire le point avec le patient sur ce qu’il a compris, ce qu’il sait faire.
  • Comment il vit au quotidien avec sa maladie, ce qu’il lui reste éventuellement à acquérir afin de lui proposer une nouvelle offre d’éducation thérapeutique du patient qui tienne compte des résultats de cette évaluation et de l’évolution de la maladie.

Évaluation :

  • Elle peut se faire sous différentes formes (écrites, orales, schématiques, QCM…).
  • Elle a pour but de permettre au client de voir ses progrès et d’augmenter sa confiance en lui-même.
  • Si l’évaluation met en évidence des lacunes à combler il est important de voir avec lui comment obtenir un meilleur résultat en envisageant pourquoi pas la participation de sa famille.
  • Le résultat de l’évaluation sera mentionné dans le dossier de soins et le cas échéant dans une feuille de suivi pour le domicile.

Quels sont les principaux critères de qualité en matière d’éducation thérapeutique du patient ?

  • Pour être de qualité, l’éducation thérapeutique du patient doit : être centrée sur le patient, élaborée avec le patient, et impliquant autant que possible les proches et intégrée à sa vie quotidienne ;
  • Etre issue d’une évaluation des besoins de l’environnement du patient (diagnostic éducatif) ;
  • Etre réalisée par des professionnels de santé formés à la démarche, dans un contexte habituellement multi professionnel, interdisciplinaire ;
  • Faire partie intégrante de la prise en charge de la maladie, être scientifiquement fondée (sur des recommandations professionnelles, de la littérature scientifique, des consensus) et enrichie par les retours d’expérience des patients et des proches ;
  • Etre définie en termes d’activités et de contenu, être organisée dans le temps, réalisée par divers moyens éducatifs ;
  • Etre accessible à différents publics et s’adapter au profil éducatif et culturel de chaque patient ;
  • Faire l’objet d’une évaluation individuelle et du déroulement du programme.

CONCLUSION

« Tout acte thérapeutique a un aspect éducatif qui le valorise, lui donne sa pleine portée humaine, et complète son efficience » Pierre Delore CFES 1954

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