Haruki Murakami, L’incolore Tsukuru Yazaki et ses années de pèlerinage

Par Mango


Tsukuru Tazaki, le héros du pèlerinage dont il est question dans le titre, se juge lui-même d’une grande banalité car, contrairement aux noms de famille de ses quatre amis de lycée qui renvoient tous à des noms de couleur, le sien fait exception. Ses amis, deux filles et deux garçons, rebaptisés Rouge, Bleu, Blanche et Noire, vivaient comme lui à Nagoya où ils sont restés tout le temps de leurs études mais, là encore, Tazaki s’est différencié en choisissant l’université de Tokyo, seul endroit où il pouvait suivre sa passion pour la construction de gares ferroviaires. Cependant il revenait chaque vacances les retrouver dans leur ville natale jusqu’au jour où ils lui demandèrent de ne plus jamais les voir. Il ne sut jamais pourquoi mais sa vie fut à jamais bouleversée par cette si abrupte et mystérieuse rupture.

Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d’université jusqu’au mois de janvier de l’année suivante, Tsukaru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort.Son vingtième anniversaire survint durant cette période mais cette date n’eut pour lui aucune signification particulière. Pendant tout ce temps, il estima que le plus naturel et le plus logique était qu’il mette un terme à son existence. (Premières phrases)

Enfin, après seize années de vie très solitaire, étant tombé amoureux de Sara, une jeune femme un peu plus âgée, celle-ci le persuade de rechercher les raisons de son exclusion. C’est ainsi qu’il entreprend un véritable pèlerinage et une longue enquête pour retrouver chaque membre du groupe, ce qui le conduit du Japon jusqu’en Finlande, avec sans cesse en arrière plan la musique de Liszt. Il ira de découverte en étonnement et son passé prendra une toute autre couleur dès lors qu’une partie de la vérité lui sera dévoilée mais sait-on jamais tout sur soi?

Même si l’on peut dissimuler ses souvenirs, on ne peut pas changer l’histoire.

J’ai trouvé ce livre passionnant. J’aime beaucoup cet auteur dont j’ai déjà lu trois romans mais c’est celui-ci que je préfère. Il est plus épuré, plus simple, plus lumineux. Il parle de ce que tout le monde peut ressentir dans les moments sombres de son existence: la solitude, la perte de l’amitié ou de l’amour, le manque de confiance en soi, le doute, l’isolement, la dépression, l’amour, le renouveau, le regain d’énergie, la quête des secrets du passé, les violences au quotidien mais aussi le viol, le crime, la foule, l’anonymat, bref, tous les grands sujets des grands romans.
Un excellent moment de lecture!

Haruki Murakami, L’incolore Tsukuru Yazaki et ses années de pèlerinage
Traduit du japonais par Hélène Morita
Roman, Belfond, 2014, 368 pages

Challenge de Hérisson: 6/6