Critiques Séries : P’tit Quinquin. Saison 1. Episodes 3 et 4.

Publié le 27 septembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

P’tit Quinquin // Saison 1. Episodes 3 et 4. L’diable in perchonne / … Allah Akbar !.
SEASON FINALE


La semaine dernière j’ai pu donner mon avis sur les deux premiers épisodes de P’tit Quinquin et je dois avouer que je ne m’attendais pas du tout à ce que la série reçoive autant de critiques négatives de la part des téléspectateurs. En effet, j’avais beaucoup aimé les deux premiers épisodes de cette mini-série aussi étrange que fascinante. Le style de Bruno Dumont est bien présent ici, comme je le disais pour les deux premiers épisodes, sous forme de pot pourri de ce qu’il a déjà pu faire au cinéma. C’est comme s’il avait un peu de lui de partout dans cette mini-série et je dois avouer que le résultat n’est pas bête du tout. Dans ces deux épisodes, nous assistons encore une fois à des meurtres, a commencer par Monsieur Lebleu qui est retrouvé noyé dans sa fosse à purin ou encore cette femme à la fin qui est retrouvée enchaînée dans des filets de pèche. C’est des meurtres et des scènes de crime ridicules mais justement, c’est aussi ce qui permet de voir encore une fois la folie de Dumont et ce dont il est capable. Comme reproche vis-à-vis de P’tit Quinquin j’ai entendu que c’était une honte pour les gens du Nord qui sont moqués. Sauf que je ne vois pas en quoi c’est un problème puisque le but de P’tit Quinquin est de traiter sous l’aspect documentaire d’une histoire surréaliste avec un univers qu’il connait bien : le Nord.

Pour moi Bruno Dumont ne dessert pas le Nord et ne cherche pas à ridiculiser ses habitants. Bien au contraire, il ne nous dit jamais que ce qu’il veut faire c’est du documentaire. Au fond, dire qu’il ridiculise ici les gens du Nord ce serait comme dire que The Office ridiculise les gens qui travaillent dans un bureau. Je sais que je compare deux choses très différentes mais les deux séries ont des aspects documentaires. Avec leur style de mise en scène propre, bien entendu. C’est une fiction déconcertante, très loin de ce que l’on a l’habitude de voir dans les fictions en France, notamment car Bruno Dumont n’est pas le cinéaste le plus connu pour le grand public mais le succès (plus de 1.3 millions de téléspectateurs en moyenne sur les 4 épisodes) prouve que finalement il y a bien un public pour découvrir une série hors du commun qui s’amuse des codes, de gens cabossés. C’est sans compter sur la prestation de son casting, notamment Bernard Pruvost qui, sous les traits du commandant Van der Weyden est toujours aussi drôle, frôlant presque le génie. En faisant quelques petites recherches sur P’tit Quinquin, j’ai découvert qu’au départ, la série devait faire 6 épisodes (c’est en tout cas ce qui avait été livré à Arte au départ) mais finalement la commande s’est portée sur 4 épisodes.

Peu importe, ce n’est pas bien grave dans le sens où l’équilibre est trouvé et l’on n’a pas l’impression de manquer quoi que ce soit ou d’en avoir trop. Ces 4 épisodes sont suffisants pour développer tout univers, une galerie de personnages hors du commun et des intrigues policières qui forcent sur le burlesque. Que cela soit du point de vue des crimes ou encore de la mise en scène de ces crimes. Le style de Bruno Dumont ressemble presque par moment au regard qu’un enfant pourrait porter sur un monde ultra dramatique et je pense que c’est pour ça que le regard principal de cette mini-série se porte sur Quinquin, ce jeune garçon qui sert de fil rouge à toute la série. Tout dans cette mini-série est fait pour que l’on ait donc l’impression de voir dans P’tit Quinquin une série qui n’a rien de commun, qui sort du lot et le pire c’est que le téléspectateur que je suis a hâte de voir une nouvelle incursion de Bruno Dumont dans le monde des séries. Pourquoi pas encore avec une mini pour Arte, une des rares chaînes françaises (franco-allemande pour être exact) qui ose des formats bien différents (avec Canal + et OCS). Les défauts des personnages (des grimaces, des costumes mal taillés, des expressions sorties d’un patois que seul un petit groupe de gens pourra comprendre, etc.) font que l’on est sur un terrain original.

Et c’est réussi vu comme ça. Je ne m’attendais pas du tout à être séduit par P’tit Quinquin et finalement j’ai englouti les 4 épisodes sans problème, sans me demander quand est-ce que tout cela pouvait prendre fin. J’ai été hypnotisé par un style que je n’ai pas souvent la chance de voir. Cela a de quoi rappeler par certains aspects ces comédies barrées que les anglais peuvent produire. Alors certes, c’est ici encore plus appuyé, plus caricatural, mais la caricature a parfois aussi du bon, comme dans cette série. Ces deux derniers épisode sont aussi plus sombres et plus grinçants que les deux premiers. C’est une façon de casser en partie la tendresse qui était introduite dans cette série au début.

Note : 8/10. En bref, réussie jusqu’au bout.