Antibiorésistance, prescription erronée ou auto-traitement, les raisons de l’échec d’un traitement par antibiotique sont multiples, mais le résultat est là. Dans 15% des cas soit dans un cas sur 7, la réponse au traitement elle, n’est pas là. Cette analyse britannique de 60 millions de prescriptions d’antibiotiques, menée sur une période de plus de 20 ans, publiée dans le British Medical Journal, apporte un nouvel éclairage sur le bon (ou le mauvais) usage des antibiotiques.
Les chercheurs des universités de Cardiff et d’Oxford ont examiné les taux d’échec des antibiotiques prescrits par les médecins généralistes britanniques pour les infections ordinaires sur une période de 21 ans, à partir d’une grande base des données de la pratique générale (la UK Clinical Practice Research Datalink-CPRD). La base comprend des données de prescription pour plus de 14 millions de personnes qui fréquentent près de 700 cabinets de médecine générale au Royaume-Uni. Les chercheurs se sont concentrés sur les prescriptions pour 4 types d’infections courantes (infections des voies respiratoires supérieures et inférieures, otites et infections de la peau et des tissus mous).
Les chercheurs ont pris en compte le caractère « monothérapie » ou non du traitement et ont considéré l’antibiotique comme le traitement de première ligne s’il n’y avait pas eu de prescriptions d’autres antibiotiques dans les 30 jours précédents.
L’échec du traitement était constaté en cas de prescription d’un nouvel antibiotique différent dans les 30 jours de la première prescription, d’hospitalisation ou admission aux urgences avec reprise de l’infection, d’orientation vers un service spécialisé liée à l’infection et de décès lié à l’infection.
· 60 millions de prescriptions d’antibiotiques prescrits à plus de 8 millions de personnes ont été analysées.
· Près de 11 millions d’ordonnances ont été considérées comme traitement antibiotique de première ligne, dont
- 39% liés à une infection des voies respiratoires supérieures,
- 29% à une infection des voies respiratoires inférieures,
- 9% pour otite,
- et 23% pour une infection de la peau ou des tissus.
· Le taux de consultation d’un médecin généraliste diminue au fil du temps pour les 4 types d’infection mais le nombre de consultations avec prescription d’antibiotique augmente: de 63,9% des consultations en 1991 à 65,6% en 2012
- le taux de consultations avec prescription d’antibiotique moyen est ainsi de 64,3%.
· L’antibiotique le plus couramment prescrit est l’amoxicilline (42% des prescriptions)
· Le taux d’échec reste globalement stable sur la période d’étude de 21 ans, de 13,9% en 1991 à 15,4% en 2012,
- 94% des échecs sont liés à la prescription d’un « mauvais » antibiotique,
- Les taux d’échec varient selon les classes d’antibiotiques, les antibiotiques les plus couramment utilisés restant associés à des taux d’échec plus modestes (ex : amoxicilline : Taux d’échec en 2012 : 12,2%)
Les chercheurs concluent que plus d’un antibiotique sur 10 prescrit en monothérapie de première ligne aboutit à l’échec du traitement. Un taux de défaillance qui augmente sur ces 20 dernières années. Et, si l’étude n’a pas directement examiné directement les raisons de l’échec, la résistance est une des explications qui s’imposent. La leçon, pour le patient est qu’une observance fidèle du traitement prescrit reste sa meilleure contribution pour lutter contre cette antibiorésistance.
N.B. Abbott Healthcare Products (Pays-Bas) a également soutenu cette étude
Source:BMJ 2014;349:g5493 September 23 2014Antibiotic treatment failure in four common infections in UK primary care 1991-2012: longitudinal analysis