Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un film suédois signé Felix Herngren qui sera en salles au Québec dès le 3 octobre. Depuis quelques mois, Allan Karlsson (Robert Gustafsson) a été placé dans un foyer pour personnes âgées où il s’ennuie ferme. Le jour de son centième anniversaire alors que tout l’établissement s’apprête à le fêter, il fugue. Dans une gare, il tombe par hasard sur Bulten (Simon Säppenen), un bandit qui lui confie une valise le temps d’aller au petit coin. Lorsqu’il revient, Allan, dans un moment d’égarement, est parti avec le bagage et trouve refuge chez Julius (Iwar Wiklander), un magouilleur qui vit depuis longtemps reclus. Les deux protagonistes y découvrent 50 millions de couronnes et partent en cavale avec à leurs trousses des gangsters bien décidés à retrouver leur argent, alors qu’un détective est à la recherche d’Allan. Le récit est entrecoupé de bribes du passé du centenaire qui malgré une très grande naïveté, a côtoyé les plus grands de ce monde sans vraiment s’en rendre compte. Adaptation du best-seller éponyme de Jonas Jonasson vendu dans plus de 35 pays, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est une comédie charmante qui sans se prendre au sérieux, ne tombe pas pour autant dans les clichés. Les deux histoires parallèles (le présent et le passé) cohabitent très bien ensemble et nous offrent un bon moment de divertissement.
Le présent
Cette partie du film a toutes les allures d’un road-movie. Lorsque Bulten retrouve les deux hommes, Julius l’enferme dans une chambre froide et l’oublie tout simplement là, ce qui fait qu’il meurt congelé. En fuite, ils tombent sur Benny (David Wiberg), un vendeur de hot-dogs qui a étudié dans toutes sortes de domaines, mais sans jamais décrocher un seul diplôme. Il accepte de les conduire hors de la ville et les trois s’arrêtent par hasard chez Gunila (Mia Skäringer) qui accepte de les héberger. Celle-ci vit recluse dans une ferme avec un éléphant qu’elle a recueilli après qu’il se soit échappé d’un zoo. Le quatuor fraternise et tous sont dès lors mis au courant du contenu de la valise. Mais ils doivent fuir une fois de plus alors qu’un autre de la bande des malfrats vient les confronter. Coup de chance, l’éléphante l’écrase, ce qui leur laisse un peu plus de temps. Puis, Gäddan (Jens Hutlén), un autre complice les retrouve et les poursuit, mais après un accident d’auto, il perd la mémoire et ses adversaires le soignent et l’amènent avec eux. En parallèle, l’inspecteur Aronsson (Ralph Carsson) mène une enquête, persuadé qu’Allan a été enlevé et ô surprise, ne trouve rien.
Tout le synopsis de Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est truffé de quiproquos assez fidèles au livre. Ce qu’il y a d’amusant, c’est qu’on y ajoute en trame de fond une intrigue policière qui ne vient en rien gâcher le volet plus comique. En effet, il y a bien des poursuites en voiture et les bandits nous semblent assez dangereux, mais toutes leurs tentatives de récupérer leur magot tombent à l’eau à cause en majorité d’événements qui sont le fruit du hasard. Allan, Julius, Benny et Gunila ne risquent à aucun moment leur vie puisque le destin vient toujours leur donner un coup de pouce. Quant à Aronsson, il est tellement déconnecté de la réalité que ses agissements ne viennent jamais entraver la dynamique poursuivants/poursuivis quant à la fameuse valise. Le plus drôle dans tout ça, est qu’Allan, qui ne voulait tout simplement pas fêter son anniversaire, est entraîné dans toutes ces folles aventures sans jamais vraiment réaliser ce qui se passe. Il faut dire qu’il a toujours été un peu déconnecté de la réalité, comme nous le montrent les scènes de narration du film qui nous font découvrir son passé hors de l’ordinaire.
Le passé
C’est après qu’il ait littéralement fait exploser un renard qui fouinait sur sa propriété qu’Allan a été mis de force dans une maison de retraite. Pourtant, cette passion pour la dynamite date de son enfance. Il a toujours aimé confectionner des bombes artisanales, mais vers ses dix ans, l’une d’elles déchiquète un civil, ce qui lui vaut d’être interné dans un hôpital psychiatrique. Après plusieurs années d’internement, les médecins diagnostiquent chez lui le « gène nègre » et le stérilisent sans qu’il ait son mot à dire. Le jugeant dès lors sans danger, il est libéré et est engagé dans un premier temps dans une fonderie à canons. Puis, ses talents sont remarqués, ce qui lui vaut de rejoindre des rebelles espagnols qui font la guerre à Franco. Plus tard Allan, croyant bien faire, empêche un véhicule de s’aventurer sur un pont sous lequel il a mis des explosifs. L’homme a qui il a sauvé la vie n’est nul autre que Franco avec qui il se lie d’amitié! En pleine Guerre froide, il se retrouve dans les quartiers secrets du Manhattan project et c’est grâce à ses conseils que les Américains percent le secret de la bombe atomique. Il est ensuite recruté par les Russes et livre le même secret à Staline. Enfin, à la suite d’une bévue qui ne plaît pas au dictateur, il est envoyé dans un goulag où il rencontre le frère d’Albert Einstein, Herbert.
Ce qu’il y a de plus amusant, c’est qu’Allan ne se rend absolument pas compte des actes qu’il commet. En effet, tout ce qui l’intéresse, c’est de fabriquer des bombes. Pour lui, tous s’équivalent, qu’il s’agisse d’un simple citoyen, d’un Staline ou d’un Truman. C’est un peu un Forrest Gump qui a traversé tout le XXe siècle, mais qui est passé à côté de l’Histoire. Certes, en arrière-plan nous avons une certaine critique de la société, qu’il s’agisse des manquements à l’éthique en médecine, ou des excès politiques américains ou russes, mais on reste avant tout dans le ton léger de la comédie, sans pour autant tomber dans la caricature. Comme il est écrit dans cette critique : « Usant du comique de situation avec brio, le réalisateur alterne péripéties hilarantes du présent et flashbacks sur les grandes rencontres d’Allan, remplies d’anecdotes décalées plus drôles les unes que les autres. »
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est une comédie rafraichissante et originale qui plaira à tous les publics. On salue surtout l’immense talent de l’acteur principal, Robert Gustafsson, qui incarne avec brio Allen à ses différents âges. Quant au réalisateur Felix Herngren, il a bien su transposer à la caméra l’esprit du livre qui est paru en 2011. En 2013, l’auteur Jonasson a publié L’analphabète qui savait compter et dans lequel, une jeune femme se retrouve enfermée dans un camion de pommes de terre en compagnie du roi de Suède et de son premier ministre. S’il y a une adaptation cinématographique, ça promet!