Max | Voir

Publié le 26 septembre 2014 par Aragon

Terrasse d'un bistro place de la mairie Dinan y'a deux jours, le monde passe, le monde est là, je retourne le journal pour pas voir sa "une", mal, trop de mal, le mal pousse sa corne, il veut gagner, je ne veux pas boire ma bière avec lui, gros titre en "une" : comme verre pilé dans ma tronche.

Alors je regarde passer le monde devant moi, une blanche à la main, le temps est doux et le soleil. Toujours là, heureusement, le soleil. Deux jeunes femmes arrivent, s'asseyent à côté, garent leurs poussettes, elles se ressemblent, on dirait deux soeurs, incroyablement sophistiquées ces nanas, genre bourges prout-prout, l'une a une invraisemblable choucroute sur la tête, coca-grenadine, clope tenue comme la petite Hepburn le faisait, l'autre descend son petit garçon de la poussette-Mercedes, lui ôte son petit blouson en cuir délicat, le môme commence à s'ébrouer, veut saisir une poignée de graviers mais sa mère tempère avec fermeté ses ardeurs, c'est simple, il n'a le droit de rien faire car c'est "sale" par terre, donc, il est condamné à regarder ses bras ballants et inutiles, à écouter mère et tante déblatérer mode sans fin, un camping-car passe sous la statue du fier et vaillant Beaumanoir, la moitié du tableau de bord est occupée par un magnifique chat siamois, gros comme un lynx mais plus cool, lymphatique, couple de papi-mamie en goguette, trois minutes après un autre camping-car passe au même endroit, re-couple de papi-mamie, le tableau de bord est cette fois-ci recouvert de père Noël, y'en a au moins - j'essaye de les compter - cinq ou six, sur la place de la mairie un jeune fringant fait du VTT sur la roue arrière, il passe et repasse ainsi, fait des zig-zag, un vrai pro ce gamin, soudain Amélie Nothomb passe près de la pharmacie, à deux pas d'où je suis, presque elle, une grande jeune femme habillée en noir des pieds à la tête (pas de chapeau), manteau noir, de longs cheveux noirs "volontairement (?)" ramenés sur la figure, comment y voit-elle ? Je pige, c'est son clebs qui la guide, un petit chien tenu en laisse, sans marque mais pas noir, joli toutou, enfin, je suppose que c'est lui le maître d'équipage, trois minutes après surprise autre, un très long et très mince jeune garçon androgyne habillé avec classe passe entre les tables, il est blond comme les blés les plus blonds, presque rasé sur la nuque, cheveux artistiquement rassemblés sur le dessus en un flou artistique, faudrait presque mettre des lunettes de soleil pour le regarder, comme s'il sortait de la série Äkta Människor, ou encore l'air vague de Ziggy Bowie, il traverse la rue comme un ange, disparaît, je finis ma blanche, le monde passe, je le vois, je vois mon canard retourné sur la table, putain, Hervé...