La toile de fond historique dépeint une Russie en proie à la révolte populaire. C’est dans ce contexte extrêmement tendu que le gouverneur donne, sciemment ou par mégarde, le signal d’ouvrir le feu sur les manifestants… massacre qui attisera la haine du peuple et signera son arrêt de mort.
L’intérêt du récit n’est pas la fin tragique du personnage, celle-ci ne faisant dès le début aucun doute, mais le développement psychologique de ce personnage face à la perspective de sa propre mort. Nury dresse en effet le portrait intime d’un homme dépassé par les événements, qui voit lentement son monde se fissurer après avoir déclenché le compte à rebours de sa propre mort. Incapable de supporter le poids de sa fonction, l’homme tiraillé par ses contradictions et ses doutes, se retrouve progressivement abandonné de tous, résigné et seul face à sa mort. Le plus étrange est probablement que le lecteur finit par éprouver une réelle compassion envers ce personnage désemparé , qui n’a pourtant rien pour plaire à la base. C’est là tout le talent du scénariste.
Au dessin, Thierry Robin n’est pas en reste. Proposant à nouveau des planches d’une lisibilité remarquable, il parvient à retranscrire les nombreuses émotions et la solitude du personnage, tout en restituant l’ambiance pesante et menaçante de cette population mûre pour le révolte.
Vivement le second volet (Le Terroriste), qui aura tout de l’exercice de style, puisqu’il donnera le point de vue de celui qui va mettre fin à la vie du gouverneur.
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