Guyane Française, Maripasoula, au bord du fleuve Maroni. Début des années 2000. Un village pris dans les soubresauts et les violences de la fièvre de l’or.
Issaias et son oncle Mariano, Brésiliens, arrivent en Guyane pour chercher l’or. A Maripasoula, ils tombent sur les hommes de Lucy, la fille du Gran Man, le chef coutumier Boni, patronne des exploitations d’orpaillage. Emmenés sur une île du Maroni, on leur confisque leurs papiers d’identité… L’enfer au paradis ! Une nature sauvage et luxuriante sous un soleil radieux. L’image est belle et ferait rêver les métropolitains mais la réalité est tout autre sur ce territoire français lointain, à la frontière du Surinam. Pour vivre, il faut chercher l’or, dans la boue, y perdre ses ongles, son âme parfois et même sa vie. L’or amassé revient à une organisation mafieuse, et les chercheurs d’or, ouvriers à la petite semaine n’en touche aucun bénéfice sinon celui de garder la vie sauve d’un jour à l’autre. Brésiliens clandestins et français s’affrontent autour du précieux butin et esquivent aussi les attaques des gendarmes. « Un gendarme français, ça galope moins vite qu’une balle de flic brésilien »
Evoquons d’abord le scénario : L’Or n’est pas qu’une invention. C’est un récit inspiré de la réalité de Maripasoula, commune française, située dans le département de la Guyane. La commune, la plus étendue de France, ainsi qu’une des moins densément peuplée, est frontalière du Suriname et du Brésil. Les environs de Maripasoula sont riches en sites d’orpaillage. Cette localité est souvent qualifiée de "far west" du fait de l’insécurité ambiante liée à la présence des orpailleurs qui la fréquentent en permanence. L’Or plonge le lecteur dans la gestion calamiteuse de l’Amazonie par l’Etat, mêlée aux intérêts violemment divergents d’une poignée de personnages qui va faire exploser un village pris dans les cahots de la fièvre de l’or. Aux confins les plus sombres de la République Française, L’Or montre une réalité contemporaine qui semble exotique et éloignée de nos habitudes.
Graphiquement, Frédéric Bihel déploie toute la palette de son talent et de son aquarelle. Je trouve qu’il est encore un cran au dessus de sa précédente série Africa Dreams. Le rendu très doux, contraste souvent avec la violence des scènes. De plus la mise en scène dynamique est parfaite pour servir le scénario.
Premier tome prometteur d’une série qui en comportera six, chacun portant le nom d’un personnage. Chaque personnage offrira un éclairage et une vision de la ruée vers l’or…