496km. Deux mois d’entraînement. Une soixante de jours. Trois fois rien. Juste le temps d’un nouveau gouvernement, d’une guerre en Irak, du retour de Sarko, du bouquin d’une reine déchue, du crash du vol 5017 Air Algérie. Ou d’une faille hypertexsuelle sur l’I-cloud.
Tous ces événements dans le monde et moi qui cours après le temps, quatre fois par semaine, parfois moins, c’est la faute aux lombaires, inutile fuite expirée, inspirée, baskets aux pieds, à ressentir ce corps que plus rien ne pousse à souffrir. En juillet et en août longtemps je me suis levé de bonne heure pour courir. Je cours donc je me suis, là, en spectateur, sans trop comprendre à quoi bon, ici, sur les bords de seine, près de la tour Eiffel ou au loin dans les Pouilles, sur une plage d’Azur aussi, courir, courir, courir pour s’élever seul, Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! de Cyrano je n’ai que le nez, et encore, je suis plutôt Pinocchio aux jambes de bois après mes sorties longues de 26 bornes maximum.
26 km pour 42,195km, 61,61% du marathon de Berlin parcouru d’une traite, au mieux, au pire certains dimanches, mon plan d’entraînement, ou plutôt le sien, celui de Fred Barrow et Bonnie Parker, Bonnie and Clyde, dix-huit semaines ramenées à huit, chérie j’ai rétréci les jours. Dur, exigeant. Très dur et très exigeant. Un plan axé sur mes allures 10 bornes, 3’50 au km, semi, 4’ au km, et marathon, des sorties de 11 km à 20 km à 4’25 au km, dans une chaleur estivale que les trottoirs exhalent, que le soir conserve aussi jalousement que Bibi son fricotin, et moi comme un con à regarder mes pulsations cardiaques sur mon Garmin, 160, 162, 167, c’est trop, alors que le soleil brille et que la nature est en fruits.
La température monte, les Parisiennes sortent en short et cuisses bronzées, I LOVE PARISSSSSSE.
A l’heure du bilan que conclure ? RIEN. Ça va, je vais bien, pas à me plaindre, je pars en franzosiche conquérant d’une ville historique, celle du mur et de mon mur du marathon, 72 heures chrono à sillonner les rues, bars et restau, les musées c’est pas mon truc, une belle brune à mes jambes, pretty woman prête à me traîner sur les derniers kms si… si Paris est à mes pieds, à mon ventre, à mon dos, comme le 6 avril dernier. Ce marathon sera mon 13ème, porte-bonheur à quatre feuilles ? ou Jason avec sa hache ? La performance n’est plus ce qu’elle était, la nostalgie non plus, adieu veaux, vaches, cochons et 3h au compteur, mais j’irai au bout de mes Mizuno cette fois encore.
Sisyphe plutôt qu’Hercules, à chacun son Panthéon…