Retour sur le pataquès provoqué par la fausse annonce de la fermeture au public de la sous-préfecture et de l’adoption de mesures déjà en vigueur .
Si elle ne délivre plus de titres comme les cartes grises ou les cartes d’identité, la sous-préfecture accueille toujours du public qui dépose des formulaires ou demande des renseignements.© PHOTO
PHOTO D. B.DAVID BRIANDPublié le 26/09/2014 [email protected]Il est 11 h 24 mercredi. Un communiqué de presse de la préfecture adressé aux médias annonce qu'à « compter du 1er octobre, l'accueil de la sous-préfecture de Rochefort sera fermé au public ». Dans un dépliant joint, il est indiqué que « la sous-préfecture recentre son activité sur des missions de sécurité, de cohésion sociale, de réglementation, d'urbanisme, d'environnement et d'aménagement du territoire » et qu'en « conséquence, toutes les prestations liées à la délivrance des titres (carte d'identité, passeport, carte grise, permis de conduire) sont transférées vers d'autres sites ».Rien ne bougeÀ 13 h 09, le conseiller régional et municipal rochefortais centriste Alexis Blanc dénonce « une décision unilatérale […] qui prépare la fermeture de la sous-préfecture ». À 15 h 02, le président du Conseil général Dominique Bussereau réagit dans un court communiqué au ton cinglant : « La sous-préfecture de Rochefort devient sous-sous-préfecture ! Il eut été convenable que les élus de la Charente-Maritime soient consultés, informés et prévenus autrement que par un communiqué de presse. Cette désinvolture de l'État est inacceptable et je la condamne fermement. »Moins de trois heures plus tard, à 17 h 57, nouveau communiqué de la préfecture, au style laconique, ramassé en deux phrases, stipulant « qu'aucun projet d'évolution n'est à l'ordre du jour ».En déplacement à Paris durant la journée de mercredi, la préfète Béatrice Abollivier contacte dans le même temps les médias pour déjuger ses services et assurer que ce premier communiqué est le fruit « d'une énorme maladresse et d'une bévue ». Se disant « totalement en colère », elle peste de ne pas avoir relu cette prose « pour la première fois en sept ans de carrière préfectorale ».Hier matin à Rochefort, les réactions étaient contrastées. Le maire UMP Hervé Blanché, qui s'est entretenu au téléphone avec la préfète mercredi soir, disait avoir eu la garantie que la sous-préfecture serait confortée, tandis que la députée PS Suzanne Tallard évoquait des « assurances apportées à ce sujet ».À la veille d'élections...D'autres socialistes néanmoins, comme le conseiller général Pierre Feydeau, se disaient « scandalisés par rapport à la neutralité du service public » que ce projet, même avorté, soit sorti à quatre jours des élections sénatoriales. Un scrutin où la gauche pourrait perdre la présidence de la Haute Assemblée. La proximité de cette élection n'est sans doute pas pour rien dans les réactions passionnées. Car sur le fond, l'annonce de la perte de titres délivrés à Rochefort est erronée. Elle est effective depuis le 1er janvier 2013 pour les permis de conduire et depuis plusieurs mois pour les passeports et cartes d'identité. Des mesures qui avaient conduit à une division de presque par deux des effectifs en cinq ans (35 agents y travaillaient en 2009).La seule nouveauté de cette fausse annonce concernait donc la restriction de l'accès au public. Un public qui se déplace désormais pour déposer des formulaires ou demander des conseils.Après avoir tiré la sonnette d'alarme voilà un an et demi sur la pérennité de la sous-préfecture rochefortaise, FO fait savoir que cette problématique de l'accès aux particuliers sans rendez-vous pourrait revenir très vite. « Une directive ministérielle pose la question de séparer les missions de l'ouverture au public », souligne Bénédicte Lavocat-Mailhos, de FO. En clair, plutôt que d'une fermeture sèche, cela reviendrait à « abandonner le service public destiné aux citoyens en première instance et à rester un service de conseil aux élus ».