Les documentaires sur l’évolution des techniques cinématographiques ne sont pas aussi nombreux que l’on pourrait le croire. C’est pourquoi, quand un spécialiste de la post-production, Christopher Kenneally, décide de réaliser un docu sur le cinéma numérique et ce que cela implique sur le 7ème Art en général, tout cinéphile digne de ce nom ne peut qu’être intrigué. Surtout quand on constate que Keanu Reeves, en plus de le produire, joue les intervieweurs en allant à la rencontre des grands noms du cinéma américain.
Les deux hommes ne font pas les choses à moitié : Les Wachowski, David Fincher, Robert Rodriguez, David Lynch, Danny Boyle, Steven Soderbergh ou encore George Lucas font parti des intervenants que l’acteur/réalisateur/producteur va interroger. Side by Side est d’ores et déjà le premier documentaire à avoir un casting que même le plus fou des cinéphiles n’aurait pas pu imaginer. Une fois passée l’excitation d’entendre tout ces grands noms offrir une leçon de cinéma, on constate avec bonheur que même le plus novice des spectateurs peut y trouver son compte. Inutile de sortir de la FEMIS ou de Louis Lumière pour comprendre de quoi on parle. Kenneally s’efforce d’offrir un discours très pédagogique en évitant de tomber dans des explications trop techniques ou ennuyeuses.
Cette succession d’entretiens revient sur des moments clés du cinéma de ces 20 dernières années. On traite ainsi : De la polémique autour de La Menace Fantôme de Lucas qui représente la charnière entre l’avant et l’après numérique. De comment Slumdog Millionnaire obtient l’Oscar de la meilleure photographie et devient ainsi le premier film tourné en numérique à obtenir cette récompense. De comment Fincher et Cameron (avec Avatar) cherche à toujours repousser les limites de la technique. Et puis, on a Nolan, qui lui s’accroche à tout prix à la pellicule, précisant que selon lui, le numérique de donnera jamais autant de précision.
Au-delà du point de vu esthétique et technologique, le récit aborde aussi le lien entre les divers métiers du cinéma et tout spécialement la place du directeur de la photographie. Place en péril vu que le numérique tend plus vers la toute puissance du réalisateur que vers un travail d’équipe. Les opinions et points de vue exprimés ici reste tempérés. Aucun gros clash entre un côté ou l’autre, puisqu’au final, si un film est un bon film, il le restera peu importe son support, comme le résume parfaitement un Martin Scorsese.
Side by Side ne manque pas d’aborder aussi des sujets comme l’aspect commercial (avec la 3D à outrance), l’archivage, le rapport avec le spectateur ou encore le lien entre art et science qui ne cesse de se dissoudre avec le temps. Un sujet captivant, traité intelligemment avec des intervenants plus passionnants les uns que les autres. Un must-see pour les fans de cinéma.