Lettre à mon bébé.

Publié le 26 septembre 2014 par Encoreunblogdemere

Miniloute.

Tu as bientôt deux mois, et tu ne peux pas savoir comme le temps passe vite et lentement à la fois. Comme on t’a voulue, rêvée, imaginée, désirée. Comme j’ai pleuré de revivre des essais difficiles, de ne pas tomber enceinte rapidement comme les autres, d’avoir peur de ne pas donner de frère ou de soeur à miss S.

Tu ne peux pas savoir comme j’ai eu envie de baisser les bras sans le pouvoir, parce que ce n’était pas possible, que ce deuxième enfant, c’était une évidence.

Tu ne peux pas savoir comme j’ai été à la fois surprise, heureuse et terrorisée quand j’ai découvert que tu étais là, ce 17 novembre 2013. Comme j’ai paniqué les trois premiers mois, et même après. Qu’avec ta soeur, vous auriez pu avoir 4 autres frères ou soeurs aujourd’hui. Ces hypothétiques enfants qui planent toujours dans ma tête et mon coeur.

Ils disent que le stress pendant la grossesse a une forte incidence sur bébé à naitre. J’avoue que je commence à y croire de plus en plus, en voyant quelles difficultés vous traversez et avez traversé toutes les deux. Si je pouvais, je serais plus sereine dans ces périodes de doutes, mais c’est facile de dire ça quand on connait l’issue à l’avance…

Tu ne peux pas savoir comme je m’en veux, pour la façon dont j’ai géré les premiers mois de Liloute, et les tiens en ce moment. Pour ce maudit RGO qui te fait tant souffrir, malgré le fait qu’on remue ciel et terre pour te soulager. Pour ces larmes que je verse trop souvent, pour les moments où je baisse les bras, où je n’en peux plus de tes hurlements et de mon impuissance face à tout ça. Pour les cris que j’adresse à ta soeur là où j’avais la patience avant. Pour avoir idéalisé cette vie à quatre, pour être trop dure et trop exigeante avec ton papa.

Tu ne peux pas savoir comme j’en ai marre de me plaindre et de répéter que non, tu n’as pas faim, juste que tu souffres et que je suis malade de ne rien pouvoir y faire. Que non, je ne te donne pas de mauvaises habitudes, que te porter est la seule chose qui fasse un peu d effet, un petit baume sur tes blessures et ta douleur. Que c’est tout ce que je peux faire.

Tu ne peux pas savoir comme tes sourires me donnent la force pour endurer le reste. Comme je suis toujours émue de voir ce début de relation avec ta soeur, vos regards, ses rires et la façon dont tu l’observes et la suis du regard, tout le temps. Tu ne peux pas savoir comme j’aime te sentir t’endormir dans mes bras au bout de longues heures de pleurs à fendre le coeur. Avoir l’impression que tu vas bien, au moins quelques minutes, et que tu te détends enfin. Que ta vie n’est pas que souffrance 24 heures sur 24.

Tu ne peux pas savoir comme je me rejoue notre rencontre en boucle dans ma tête tout le temps. Tes premiers jours, avant que les signes du reflux ne me sautent au visage. Comme j’ai hâte que tu grandisses, que tu manges solide, que tu marches, que tu ne souffres plus. Comme j’en ai marre d’appeler pédiatre, gastro pédiatre, d’avoir enchainé les visites aux urgences pédiatriques et que la pharmacie soit comme ma deuxième maison.

Comme je me répète sans arrêt que le sort s’acharne, comme tout cela me renvoie 3 ans en arrière.

Comme je regrette de ne pas avoir forcé un peu les choses et continué l’allaitement. Et cela même si on m’assure que ça n’aurait rien changé.

Tu ne peux pas savoir comme j’ai envie d’avancer dans le temps, de prendre ta douleur, de te soulager, de te guérir. De te voir sourire de plus en plus souvent, de pouvoir prendre ta soeur dans mes bras avec toi. De retrouver ton papa, au milieu de tout ce désordre émotionnel, ces discussions un peu trop houleuses, cette fatigue psychologique. De pouvoir enfin dire que c’est derrière nous, que ça valait le coup. Qu’on en a bavé mais qu’est ce que c’est chouette !

Et surtout, surtout… Tu ne peux pas savoir comme je t’aime.

Ta maman.