Face à la déferlante George Ezra qui s’abat sur l’Europe depuis quelques mois, on est bien embêté. Que dire de plus qui n’a pas déjà été dit ? Nous aussi on est tombé sous le charme du garçon. Un coup de foudre aussi soudain qu’inattendu provoqué par cette chanson "Budapest". Un titre sorti de nulle part qui nous a emballé si rapidement qu’on n’a pas vraiment compris ce qu’il se passait dans nos oreilles. C’était une fin d’après-midi, le soleil était couchant, il faisait froid pour un mois de juillet. Je sais, on s’en balance, mais c’est pour poser le cadre, pour se mettre dans l’ambiance. Un peu déprimé par l’hiver indien, on tombe donc sur cette voix de baryton qui s’époumonait sur un air à mi-chemin entre la country, le folk et le blues. Les trois en même temps parce qu’on ne sait pas vraiment dans quelle case ranger Baby George et on ne veut pas vraiment l’enfermer dans aucune des trois en vérité.
Depuis la sortie de l’EP Cassy O ( et même bien avant Outre-Manche – le jeune homme est de Bristol) les magazines spécialisés n’ont qu’un nom à la bouche : George Ezra. On loue son côté cool, sa musique entraînante, sa bouille d’ange. Nous aussi, on pourrait louer aussi la voix incroyable du jeune Anglais. Une voix qui ne ressemble à personne. Vraiment. Grave et voilée, on penserait qu’elle appartiendrait à un vieil homme, un mec avec de la bouteille, un crooner qui a vécu mille vies, ou presque. Mais non. George a 20 ans, bientôt 21. Quand on le regarde, on lui en donnerait 16, quand on l’écoute, on lui donne 51. Plus jeune, on se moquait de cette voix grave et puissante, jusqu’à ce qu’il découvre au dos d’un disque de Leadbelly l’inscription suivante : "Sa voix est tellement puissante que vous devez baisser le volume de votre chaîne hi-fi". De quoi le décomplexer, mieux l’aider à affirmer même ce cadeau du ciel qu’il n’a jamais eu à travailler.
Look de surfer blond, les lèvres charnues, le regard enfantin et rieur, il a le physique de celui qui fait craquer les gamines de seize piges. Sa musique pourtant elle, n’a rien de mignonne. Bourrée de référence, elle prend sa source dans la plus ou moins vieille musique : Woody Guthrie, Muddy Waters, mais aussi les songwriters actuels comme Damien Rice ou Paolo Nutini. Dans les chansons qu’il écrit depuis qu’il a treize ans, on trouve sans avoir à trop tendre l’oreille toutes ses influences : des résidus de blues ("Breakaway"), de la country ("Cassy O") et du gospel ("Did You Hear the Rain?" débuté a capella ). On y rencontre le spectre de Dylan aussi, quoique plus lointain sur le faussement naïf "Blind Man in Amsterdam".
Ce qui saute aux yeux dans l’album de George Ezra c’est que non seulement il est plein de maturité mais c’est qu’il est aussi un véritable carnet de voyage, une trace sonore de son périple à travers l’Europe. L’explication est simple. Le jeune homme a voyagé, traversé le continent de part en part avec un billet "open", traînant sa guitare, son papier et son crayon de Copenhague à Milan en passant par Paris et Berlin. Le résultat de ce road-trip initiatique donnera : "Blame It on Me", "Drawing Board", Listen to the Man" et une collection d’autres chansons à découvrir sur la scène de la Gaité Lyrique le 28 novembre prochain.
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