Il y a des villes comme ça où il n'est pas besoin de faire grand chose pour obtenir un superbe panorama et la transformer en carte postale. Adossée à son rocher mais pourtant prise à 5 reprises dans l'histoire, Dinant est un petit bijou qu'il faut absolument mettre dans sa malle de voyage si on décide de passer quelques temps en Belgique.
Une ville, un panorama
Pourquoi dans le top 10? Prise 5 fois mais toujours debout
Dinant, solide comme un roc? L'expression sied et en même temps ne sied pas à la ville. En effet, Dinant aurait pu profiter de sa situation géographique idéale. Sa citadelle, dont la visite est impérative, à flanc de roche, lui confère une grande sureté. Et pourtant, la ville du cuivre (les dinanderies étaient célèbres à travers toute l'Europe) mais aussi celle de monsieur Sax, l'inventeur du saxophone, sera assiégée et vaincue à 5 reprises. D'abord détruite par les troupes de Charles le Téméraire puis ensuite par les Français, Henri II en 1554 puis sous Louis XIV avec son génial Vauban entre 1675 et 1692. D'ailleurs, lorsque les Français rendront la ville, ils prendront bien soin de détruire les fortifications qu'ils avaient construites afin que l'ennemi ne s'en serve pas pour se défendre. Puis, c'est au tour des deux guerres mondiales de sinistrer la ville. En 1914, les Allemands massacreront par pur plaisir odieux les Dinantais alors qu'il n'y avait nul besoin d'aller jusque là, la ville étant assez facilement prenable. A cette occasion, 674 civils furent fusillés. La barbarie dans toute son horreur. La Seconde guerre mondiale, elle, incendiera et bombardera la ville, détruisant son peau et laissant en miettes la collégiale.
Une citadelle un peu trop prenable
C'est la citadelle qui la première, rappelle le triste sort de Dinant au fil des âges. Ici, on y a reconstitué les chambres des soldats néerlandais, une salle d'armes. Mais le clou de la visite reste cette salle qui reconstitue une part de la Grande guerre. Ici, ce sont des tranchées que l'on a rebâties (et on comprend difficilement, comment certains touristes peuvent se faire photographier devant des masques à gaz avec un grand sourire). Mais dans cette salle, on a aussi l'impression de tomber car nous sommes dans un blocus qui a été déplacé par une bombe et qui a dévié de sa trajectoire. Cette projection en arrière qu'ont connu ces soldats est époustoufflante. De plus, quand vous payez l'entrée, vous avez le guide (vivant et non pas papier) inclus qui est très intéressant.
A côté de ça, la collégiale a elle aussi son intérêt et son histoire est bien retracée dans l'église. Cette collégiale est particulière car même si elle a été édifiée dans un style gothique, elle a été surmontée au XVIe siècle d'un bulbe qui rompt avec cette tradition artistique. Il me fait d'ailleurs penser à ce que j'ai pu voir des églises autrichienne. Ce bulbe a été détruit lors des bombardements de la Seconde guerre mondiale. Lorsqu'il eut fallu reconstruire, certains proposèrent de ne pas reconstruire le bulbe mais de donner un aspect définitivement gothique au toit comme ce qui aurait du se passer au Moyen Age. Les Dinantais se sont mobilisés car après les souffrances de la guerre, ils ne voulaient pas qu'en plus, on s'en prenne à leur patrimoine. Ils eurent raison et aujourd'hui, la collégiale a pris la forme qu'ils souhaitaient.
C'est aussi la ville de Monsieur Sax, l'inventeur du saxophone, dont un musée gratuit très intéressant est ouvert gratuitement au public revenant sur l'invention et l'évolution de cet instrument à cuivre. Le pont menant à la citadelle s'est même transformé en allée de saxophones, chaque pays de l'Union européenne se targuant d'avoir le sien.
Sur un air de saxophone
Dinant est en tout cas une ville enchanteresse où la citadelle repose fière sur un promontoire rocheux ici et là parsemé de végétation. Au loin on apperçoit la Meuse qui file tranquillement. Vaincue, assiégée, prise et reprise mais pourtant c'est une des villes où la quiétude est le maître mot.
Dinant, la survivor