Je vous ai menti au sujet…
Au sujet de la liberté… je vous ai induit en erreur
Non, je ne fais pas semblant, je le regrette vraiment
Je n’ai peut être pas assez réfléchi
Je vous ai transmis le virus comme je l’ai reçu
je vous ai contaminé
Avec une promesse qui ne tient pas, qui ne peut être tenue
Oui je suis minée… parce que j’en ai empoisonné plus d’un avec ma funeste idée de liberté…
Liberté… non je n’écris plus ton nom… je t’efface d’un trait de crayon
Parce que tu as été pour moi la plus vaine espérance
C’est toi la maitresse d’erreur et de fausseté
Tu incarnais à nos yeux endormis notre volonté de chance, de délivrance…
L’au-delà pour tous ceux qui pâtissent et pourrissent ici-bas.
Quel gâchis ! L’illusion est physique et métaphysique…
Parce que la liberté, je vous le dis en vérité, n’a jamais existé et n’existera jamais
Le poète l’a déjà prédit : « toutes les choses sont enchaînées, enchevêtrées et amoureuses les unes des autres ».
On passe notre temps à vouloir se libérer de nos chaînes, pour nous enchainer aussitôt à une cause encore plus vaine.
Se sentir libre, laissez-moi rire, c’est encore plus audacieux que de se sentir Dieu.
Qui y songe et à quel moment de la traversée ?
Celui qui joue le rôle du marteau ? Ou celui qui joue le rôle de l’enclume ?
Aucun des deux. Les deux sont pris dans les rets du désir et de l’assouvissement du désir… ils n’ont pas le temps d’y songer… enlacés ils n’en ont pas encore assez…
Il faut attendre l’apocalypse de l’un des deux désirs pour voir la liberté poindre son nez.
Quel lot de consolation… désolée pour la désolation.
Qui se bat pour la liberté ? Celui qui se remplit les poches ou celui qui les a toujours vides ? Les deux sont soumis à a même nécessité que le premier souhaite conserver et le second renverser en constatant heureusement ou malheureusement que les jeux sont toujours faits.
L’ecclésiaste fut peut être le premier à stigmatiser la liberté en l’appelant par son vrai nom : vanité… tout est vanité et recherche du vent. Oui du vent.
Désolée de vous le rappeler, je sais que c’est le pire des souvenirs.
Ce mépris, cette méprise quand on se met à se prendre pour celui qu’on n’est pas.
Je est un autre… Au feu, les contes bleus !
Tu dis que tu veux être libre ? Et tu y crois et tu veux que je te croie ?
Mais je vais te dire pourquoi je ne te crois pas.
Parce que c’est ton impression. Et elle ne m’impressionne pas parce que je sais que ce que tu cherches, ce n’est pas la liberté, mais de quoi remplir un vide que tu as du mal à supporter. Un néant au fond de tout être…
Quand tu n’es pas dans le besoin, quand tu ne bailles pas, quand tu ne t’ennuies pas, quand tu fais ce qui te plait, quand tu fais l’amour, quand tu es heureux, tu ne t’interroges pas sur ta liberté… tu ne demandes pas de ses nouvelles… elle n’existe plus pour toi… ce sont les pépins qui te l’a remettent dans la tête… les fêlures, les brûlures, les blessures… autrement … tu t’en moques royalement et tu as bien raison… parce que tu le sais, je le sais :
Il n’y a pas de liberté mais seulement des soumissions rentables… retenez bien cette expression que je viens juste d’inventer : des soumissions rentables : l’art, l’amour, la religion… ne sont que des soumissions rentables…
Quand on perd ou quand on se sent perdu on se remet à chanter les louanges de la liberté… une manière comme une autre de prendre l’air… parce qu’on s’emmerde et qu’on n’a pas les couilles de dire : merde !