Les analyses de l'appropriation progressive du français ( p.100 et suivante) me paraissent très signifiantes quant à l'acquisition par un adulte d'une langue étrangère. Celle-ci semble comme un " habit " dont le port n'implique pas automatiquement le reste de la personne. Au final, malgré une maîtrise de la langue qui lui ouvre les portes de la Sorbonne, son identité iranienne lui est sans cesse renvoyée, alors qu'elle visait à le renier.
" L'étrangeté " parait fabriquer par la société française qui lui impose sans cesse de se justifier, de composer avec son passé.
Quelle idée géniale que ce courrier que l'auteur adresse à Montesquieu, comme une correspondance en réponse à ses Lettres persanes ! Malgré une impression de répétition, le procédé est riche.
Ce livre très séduisant se termine par un malaise à la hauteur du drame, les projets de l'héroïne semblent sombrer. Pourtant l'auteur a bien écrit ce roman qui par son existence appelle une espérance pour les femmes iraniennes.
Jacques Chérel