Manier les mots

Publié le 22 mai 2008 par Fred Desbordes

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Il y a mille manière de manier les mots. Le langage est une arme redoutable. Car outre le sens intrinsèque des termes que nous employons, nous y associons malgré nous une charge affective. Prenons le mot " amitié ", ce mot simple de 6 lettres est à la fois universel et unique. Universel puisque tout le monde peut le comprendre, unique dans la bouche de celui qui l'emploie. On peut considérer que l'écriture révèle l'universalité du langage, l'oralité révèle l'unicité de l'être.
Ecrire c'est une chose, dire en est une autre.

Ecrire pour moi est un travail comme un autre. Je tente d'être une orfèvre des mots. je les cisèle, je les transforme, les métamorphose pour leur donner toute la beauté qu'il leur convient. Je retranscris des états d'âmes, des émotions brutes, des ressentis. Ce sont peut-être les miens ou peut-être pas. L'intérêt n'est pas là. Ce que je cherche, c'est à traduire en mots l'universalité de ces sensations qui nous accaparent tous. Quand un lecteur ou une lectrice me dit qu'il ou elle a été troublé je suis fière de moi.

Mais à force d'écrire j'ai perdu la faculté de dire. Quand on écrit, on peut corriger, raturer, effacer, recommencer pour que cela soit parfait. Dire rime avec finir. Chaque mot tue l'autre dans l'instant. Il ne reste pas. On ne peut pas dire " pouce, c'est nul, je reformule ". Ces mots là sont uniques. Partagés dans ce temps T. Voilà pourquoi je ne dis jamais rien. Il n'y aucune perfection dans ce que je dis et mon insatisfaction perpétuelle m'agace.

Parce que je ne sais pas créer du beau en disant les mots.