24 SEPTEMBRE 2014 | PAR RACHIDA EL AZZOUZIPierre Gattaz, le patron du Medef, a choisi le jour du rituel mensuel des chiffres du chômage pour lancer ses propositions chocs pour redresser la France – en fait, précariser et flexibiliser un peu plus le marché du travail. Une provocation de plus à l'heure où la France compte plus de cinq millions de chômeurs, malgré la légère baisse en août.Cet article est en accès libre.Pierre Gattaz, le patron du Medef, ne craint pas la surenchère. Elle nuit au dialogue social mais il n’en a cure. Les milliards d’allègements de charges consentis aux entreprises à travers le CICE et le pacte de responsabilité sans aucune contrepartie chiffrée en matière d’emploi ; les nombreuses autres réformes allant dans le sens de ses réclamations, de la réforme du marché du travail à celle des retraites ; la ligne économique désormais clairement libérale de l’exécutif, à l’image de Manuel Vallsovationné à l’université du Medef cet été ou hier à Berlin par le patronat allemand, ne lui suffisent pas. Il veut encore plus de flexibilité et de précarité du salariat. Et pour se faire entendre, il occupe le terrain médiatique, égrenant une litanie de « verrous »,« entraves », « blocages » à longueur d’ondes.Plus audible et offensif que les syndicats de salariés – plus prompts à dégainer des communiqués scandalisés à chacune de ses sorties fracassantes qu’à organiser une riposte commune –, Pierre Gattaz donne encore une fois le “la” de la rentrée économique et sociale. En ce mois de septembre catastrophique sur tous les plans, où la faiblesse du pouvoir en place n’était jamais apparu sous une lumière aussi crue, où le ministre de l’économie traite d’illettrées les victimes de la crise agroalimentaire en Bretagne, Gattaz est partout avec son pin’s “Un million d’emplois” accroché au veston et ses gesticulations anti-sociales. Deux semaines après la réunion des partenaires sociaux consacrée à l'élaboration de l'agenda social, il revient à la charge avec son “agenda à lui”, pour culpabiliser les salariés, les chômeurs, les précaires, détricoter de nouveaux pans du code du travail et brouiller la ligne de l’exécutif.

